Tout est pardonné

de Mia Hansen-Løve (Fr, 1h45) avec Paul Blain, Constance et Victoire Rousseau...


«Vienne, 1995». Victor et Annette forment un couple a priori uni, élevant dans une relative quiétude leur fille Pamela. Mais, le temps d'un détour, on découvre que Victor se pique à l'héroïne. Que cela ne date pas d'hier. Et qu'Annette ferme complaisamment les yeux sur cette accoutumance. «Retour à Paris». Les choses empirent, le couple se disloque, Victor trouve refuge chez une jeune et belle junkie qui meurt d'une overdose à ses côtés. Jusqu'ici (une heure), Mia Hansen-Løve suit avec un classicisme très téléfilm pour arte les soubresauts de Victor, son autodestruction, son égoïsme. Une dérive en sourdine que l'interprétation pour le moins hésitante de Paul Blain (le fils de Gérard) a tendance à souligner. La dernière partie (Pamela, 11 ans plus tard), devrait logiquement donner la force qui manquait jusqu'ici à ce mélodrame. Mais le film, plutôt que de s'envoler, s'effondre complètement. On se surprend à l'indifférence alors que les scènes devraient émouvoir aux larmes, on s'agace devant une énième séquence en boîte de nuit prétexte à filmer des corps (jolis, certes) plutôt que son histoire. On est même sidéré devant le peu de conviction déployée par Constance Rousseau (Pamela), et ses yeux qui courent sans arrêt de gauche à droite. Il y a là un refus d'impliquer le spectateur qui laisse songeur : est-ce si obscène et impudique de lui faire ressentir le drame des personnages ? Ce serait, en tout cas, du cinéma... CC


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99F