Un secret

de Claude Miller (Fr, 1h40) avec Cécile de France, Patrick Bruel, Ludivine Sagnier...


Adaptation du roman autobiographique de Philippe Grimbert, Un secret gène aux entournures. Son sujet, qui fait revenir le fantôme des persécutions juives en France pendant la deuxième guerre mondiale en la croisant avec la saga d'une famille dont les secrets sont intimement liés à cette tragédie, ne peut laisser indifférent. Et pourtant... Miller, peu inspiré dans sa mise en scène, n'évite jamais les lieux communs, les facilités et les raccourcis, et souligne jusqu'au ridicule à quel point son film dit les choses sans les dire. C'est le paradoxe d'Un secret : la voisine est lesbienne ? Il faut attendre le dernier tiers pour qu'elle fasse un coming out que tout le monde aura deviné à la première allusion... Le père s'éprend de sa belle-sœur ? Au premier regard, on comprend son attirance, mais Miller filmera douze fois son trouble avant qu'ils décident à s'embrasser... Les Grimbert étaient en fait des Grinberg, soucieux d'effacer après la guerre la douleur de leur judéité ? On l'a pigé au bout de 15 minutes, mais le film maintient longtemps un incompréhensible mystère sur la question... Peu aidé par un casting improbable et opportuniste (dont l'inénarrable Patrick Bruel, pas crédible pour un rond), Un secret joue scolairement sa petite musique de film académique à message humaniste. C'est salutaire, d'accord. Un peu vain, aussi. Comme lire une lettre de Guy Môcquet dans les cours d'école...CC


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