BEIRUT

The Flying Club Cup


(4AD/Beggars)On n'a pas pu attendre sa venue lyonnaise (le 24 novembre au Ninkasi) pour dire à quel point cet album de Beirut est une pure merveille. Zach Condon (petit génie derrière le groupe) avait auparavant surpris son monde avec un premier disque où des arrangements inspirées par la musique des Balkans ornaient une pop de grande classe. Avec The Flying club cup, Condon fait son coming out francophile, multipliant les allusions directes à notre beau pays, idéalisé par ce fougueux utopiste musical. Nantes, Cherbourg, Un dernier verre (pour la route)... Autant de titres dans la langue de Molière, mais chantés dans celle de Shakespeare, comme s'il s'agissait de capter les effluves sentimentaux que la France lui inspire plutôt que sa lettre musicale. Quoique... Sur des valses éblouissantes emportées par un accordéon omniprésent, Beirut fait jaunir artificiellement ses chansons intemporelles, créant une douzaine de cartes postales qui n'ont rien de clichés touristiques. Imaginez Neil Hannon fusionnant avec Yann Tiersen le temps d'un album, et vous aurez une petite idée de ce à quoi ressemble The Flying club cup. Pour ceux que les références agacent, disons qu'en l'écoutant, on pense aussi : à un kiosque à musique inondé de soleil et de pluie ; à un mariage où des époux n'ont même pas besoin de se dire «je t'aime» pour se faire sentir leur passion ; à un troquet débordant de gens ivres de joie autant que de vin ; à une falaise bretonne sur laquelle des vagues s'abattent, répandant leurs embruns sur le visage d'un jeune homme déclamant, seul face à l'immensité, des poèmes romantiques.CC


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ROBERT WYATT