Le Pirate/La Femme modèle

VINCENTE MINELLI


(Warner home vidéo)Warner continue d'éditer au compte-goutte les films du grand Minelli ; on découvre ainsi que l'œuvre, apparemment hétéroclite, s'avère toujours enthousiasmante. Au menu cette fois-ci: un réjouissant film musical en costumes avec le duo Judy Garland-Gene Kelly, et une comédie étourdissante réunissant un couple inédit, Lauren Bacall et le formidable Gregory Peck. Le Pirate (1948) est plus retors que ses décors en carton-pâte et ses chansons enjouées (signées du grand Cole Porter) ne le laissent paraître : la rêveuse naïve prête à faire un mauvais mariage avec un riche bourgeois tout en rêvant d'aventures romanesques dans les bras de Macoco le pirate va découvrir que les apparences sont trompeuses et que le mensonge, surtout quand il s'appelle comédie, est bien plus séduisant que la réalité. Quant à La Femme modèle (1957), c'est une merveille absolue : la narration, d'une modernité inouïe, est construite sur un changement permanent de point de vue où tout le monde corrige la version de son voisin, dans un crescendo de péripéties qui frôlent l'excès de vitesse. Dans ce tourbillon éblouissant, Minelli parle comme personne de la difficulté de s'aimer quand les différences sociales se font trop flagrantes. Il arrive même à imposer un érotisme torride : voir Lauren Bacall mordiller l'oreille de Grégory Peck est un détail mille fois plus excitant que les coïts non-simulés des films de Catherine Breillat. CC


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Le Voyage de la peur