Michael Clayton

De Tony Gilroy (ÉU, 1h59) avec George Clooney, Tilda Swinton, Sidney Pollack...


Attention ! À l'instar de Syriana, Michael Clayton est un faux bon film. Tony Gilroy, responsable de l'adroit bricolage scénaristique de La Vengeance dans la peau, cherche avec cette fiction engagée à donner sans arrêt au spectateur des gages de sérieux. Passée l'intro (en fait, la quasi-fin du film, le reste étant un long flashback), on se demande par exemple pourquoi les personnages ont l'air si graves et accablés, alors que, somme toute, il ne leur arrive rien de terrible pendant un bon moment, sinon la routine d'un cabinet d'avocats couvrant les activités peu reluisantes de quelques grandes compagnies.

Toute la mise en scène cherche ainsi à faire naître une sensation de tension et de fatalité d'autant plus artificielle que plus le film avance, plus son soi-disant message paraît confus, sinon anodin. Ce nouveau cinéma de gauche hollywoodien, dont tous les représentants sont au générique du film (Clooney, Soderbergh ou le grand ancien Pollack) patine ainsi à enfoncer des portes ouvertes, ou pas de portes du tout, exploitant avec pas mal de cynisme la conscience réveillée des spectateurs américains.

Il suffit de comparer Michael Clayton avec le prochain Cronenberg, Les Promesses de l'ombre, dont la mise en scène a priori transparente et l'humour déroutant renforcent en définitive la puissance du sujet et la tristesse du propos, pour constater que l'habit progressiste ne fait pas le moine contestataire.

Christophe Chabert


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Philippe Claudel