Souffle

de Kim Ki-duk (Corée du Sud, 1h24) avec Chang Chen, Ha Jung-woo...


Selon l'adage, un réalisateur serait voué à refaire incessamment le même film. Dans le cas de Kim Ki-duk, ex-grand réalisateur qui nous fit pleurer de chaudes larmes d'émotions cinéphiliques avec une série de chefs-d'œuvre intemporels (Adresse inconnue, Bad Guy, L'Île, The Coast Guard, Locataires), la formule est poussée dans ses derniers retranchements. Victime d'un désamour intense du public sud-coréen (qu'il insulta par voie de presse après le bide national de L'Arc) et d'une relative renommée internationale pour ses œuvres les plus anodines (notamment Printemps, été, automne, hiver... et printemps), notre homme court après la reconnaissance, quitte à se parodier et à revoir ses ambitions par le bas. Depuis trois films, Kim Ki-duk procède systématiquement de la même façon : il instaure une mécanique dramatique rôdée, à base d'incommunicabilité et de correspondances narratives forcées, parsème le récit de plans poétiques languides (ici, comme dans Time, un personnage filmé en plan fixe à côté d'une œuvre d'art abstraite), dispense deux-trois scènes choc et conclut sur une pirouette. Le procédé, malhonnête pour qui connaît un minimum son œuvre, atteint dans Souffle des cimes inquiétantes : si l'on analyse stricto sensu la fin du film, l'on peut y voir la volonté de son auteur de tourner le dos à la violence réflexive de ses débuts, et le désir d'embrasser la "normalité" à pleine bouche. Un déni de soi littéralement effrayant. FC


<< article précédent
BOYS NOIZE