JON AUER

Songs from the year of our demise


Pattern 25/DiscographQuand on a fréquenté les rangs des Posies et de Big Star, grandes écoles de pop américaine, on n'a pas besoin de faux diplômes pour s'offrir une respectabilité. Ça n'a pas empêché Jon Auer de travailler cinq ans sur cet album dont le titre, «Chansons de l'année de notre rupture», a un écho particulier en cette fin d'année d'une rupture qu'on nous promettait tranquille. «Nothing stings like december rain», avance d'ailleurs Auer, sur Song Noir, comme pour oblitérer la couleur d'un bilan qu'on a deviné dès le premier titre, Six Feet Under. Alcoolisme, amours en guenilles et petites morts en pagaille, Auer parle de tout ça, et de bien d'autres choses, de bien des façons. Sur Bottom of the Bottle il évoque la finesse d'écriture d'un Paddy McAloon (Prefab Sprout) délivré du carcan d'arrangements 80's qui ensuquaient ses ailes. Ou, sur You drive me around, cette intransigeance touchante entrevue il y a des siècles chez Luke Haines (The Auteurs, Baader Meinhof) et sa capacité à combiner romantisme naïf et constats d'une froide violence (le sublime Josephine que tout aspirant Napoléon devrait méditer à l'heure de partir en campagne). Le tout sans jamais se départir de cette rugosité propre au rock de Seattle : sur Sundown ou My Sweet Unknown où résonne cette épitaphe amoureuse : «I want to love you like I love to hurt my health». On comprend dès lors, comme d'autres récemment, qu'il est des ruptures vouées à l'intranquillité et aux réveils les pieds devant. Le gauche surtout. SD


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KUTA