24 heures chrono, saison 5

JOEL SURNOW, ROBERT COCHRAN


Pathé Fox EuropaTous ceux qui, après la relative déception d'une saison 4 plutôt pépère, auraient décidé d'arrêter là les aventures de Jack Bauer doivent se ressaisir fissa et foncer sur cette cinquième journée, car elle est clairement la meilleure de la série. L'efficacité certifiée de 24 y est littéralement sublimée par un discours politique offensif, où l'ennemi est logé au cœur d'une Amérique déboussolée par le conflit d'intérêts entre la raison d'état et les stratégies économiques. On y entend ainsi, de la bouche du Président, cette phrase prémonitoire : "Quand le baril de pétrole sera à 100 dollars, qu'est-ce que je vais expliquer à mes électeurs qui ne peuvent plus acheter de quoi manger ?" Autant dire que la posture surhumaine de Jack Bauer, moins barbare qu'à l'accoutumée, est dépassée par ce cynisme absolu : la violence surgit de partout, motivée par des considérations géopolitiques d'autant plus effrayantes qu'elles ne sont jamais tout à fait illogiques. Mais ce qui sidère dans cette saison, c'est à quel point elle s'offre de surprenants moments de silence, se réappropriant le temps réel de son concept pour filmer longuement des personnages seuls face à leurs crimes, leurs erreurs ou leurs errements. Évidemment, c'est la cerise sur le gâteau d'une série où l'action et le suspense sont poussés à des degrés d'adrénaline rarement atteints... Mais cela en dit long sur la liberté des créateurs outre-atlantique, tellement souverains qu'ils peuvent même prendre leur spectateur à contre-pied.CC


<< article précédent
JON AUER