Hans Christian Adam

Berlin


TaschenCe pourrait être la énième histoire de Berlin de la Prusse à nos jours, avec son lot de didactisme ennuyeux. Mais Taschen réussi le pari du renouveau. Ce pavé de 700 pages réunit des cartes où se tracent et s'effacent les frontières mouvantes de la ville, des centaines de photos d'anonymes ou de Magnum et Capa. Cartier-Bresson se mêle aux instantanés des habitants, les citations de W. Brandt ou de Brecht croisent celles d'inconnus ; des témoignages du quotidien s'interfèrent entre les nécessaires résumés historiques. Car ce livre est celui de l'histoire des berlinois plus que de la ville, un peuple qui n'a jamais abdiqué face à l'inhumanité de ses pires dirigeants et qui a toujours fait face à sa souffrance pour inventer des lendemains lumineux. Berlin aurait pu être une cité désertée après avoir été rasée en 1943. Les habitants sont restés, ont reconstruit, résisté à l'absurdité. Cette cité est certainement aujourd'hui la capitale européenne la plus vivante. Et c'est bien en photos que cette ville se comprend le mieux. Il faut voir les images de Potsdamer Platz en 1940, en 1970 et en 1980 pour se rendre compte des transformations qu'il aura fallu pour en faire un carrefour de l'architecture moderne. Potsdamer c'est d'ailleurs la couverture du livre. 1972, la photo est en couleur, Coca-Cola a posé son enseigne, les berlinois en tenues d'été mènent une vie banale alors qu'à quelques centimètres de là se dresse un mur de béton. Cet acharnement à continuer à vivre est à l'image de l'histoire de la ville, la ville de tous les possibles.


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