BUCK 65

Situation


WEACeux qui furent, comme nous, émerveillés par Secret house against the world, l'album précédent du rappeur canadien Buck 65, risquent d'être déçus par Situation. Car Richard Terfry ne poursuit pas sa mue vers une forme de pop avant-gardiste, mais opère un mouvement de repli vers ses bases hip-hop, qui lui avaient permis de toucher les sommets avec Square et Talkin' Honky blues. Après quelques écoutes, il ne fait pourtant pas de doute : Buck 65 n'a pas perdu la main. Avec pas mal de malice, Situation joue avec les codes du rap comme Tarantino avec ceux du cinéma de genre. Avec ses samples empruntés au jazz et à la funk, ses scratchs débridés, son flow puissant porté par cette voix de fumeur maladif aux intonations délibérément sexuelles, le disque se boit comme du petit-lait. Commençant par un flash-back bizarre vers l'année 1957, multipliant les allusions à une Amérique hors d'âge, de la figure du vagabond romantique au flic moustachu en passant par le "Monsieur personne" qui doit élever sa famille nombreuse en se crevant au boulot, l'album ressemble au délire d'un adolescent prenant ses lectures pour des réalités. Comme s'il avait pris le terme old school au pied de la lettre, Buck 65 s'offre un disque étrangement récréatif, écrit et composé à l'impératif passé, bourrés de tubes aux refrains composés d'onomatopées entêtantes (dont l'extraordinaire Dang) et se concluant sur une note mélancolique qui laisse penser que Terfry n'a peut-être pas fini de nous surprendre...CC


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