Burial

Untrue Hyperdub / Differ-ant


Si on avait été instantanément séduit par le grime, hip-hop speed et électronique issu des ghettos de Londres, force est de reconnaître que le dubstep, son cousin instrumental, plus austère et vaporeux, nous avait laissé circonspect jusqu'à présent. Mais c'était avant l'arrivée de ce splendide Untrue, second album de Burial, qui apporte au genre la force émotionnelle et l'humanité qui lui manquaient jusqu'à présent. Ajouter des vocaux aériens et mélancoliques, souvent proches du R'n'B, aux infrabasses profondes, nappes industrielles, et cliquetis mécaniques qui sont les clés de voûte du genre, le pari était risqué, et le ridicule, ou pire la fadeur, pas loin de pointer leur nez. À l'écoute pourtant, le résultat est splendide, et porteur d'un univers musical sombre et magnifique, où les fantômes d'une rave passée semblent hanter le paysage dévasté d'un bâtiment en ruine. Car Burial construit sa musique sur des bases creusées depuis bientôt deux décennies par la dance music britannique, de l'acid-house, au old school hardcore, en passant par la jungle, le 2-step et la drum'n'bass. Sa musique, intimement personnelle cependant, sent le tabac froid des lendemains de fête, les retours en voiture au soleil levant quand la fatigue et la descente donnent à l'environnement qui nous entoure des allures irréelles. Entre dub industriel, soul futuriste, et électronica habitée, Untrue crée un monde où le chaud et le froid s'entremêlent pour créer un sentiment de malaise diffus. DG


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BUCK 65