THE BLACK ANGELS

Passover


Light in the attics / PiasThe Black Angels d'Austin, Texas, font partie de cette frange de rockers creusant le sillon du pastiche avec le plus grand sérieux, un sens approfondi du détournement et un penchant certain pour le référencement compulsif. Comme Brian Jonestown Massacre avec Bringing it all back home again et Their Satanic Majesties second request, albums clins d'œil à Dylan et aux Stones, The Black Angels dépouillent les cadavres : le morceau The Sniper at the Gates of Heaven singe The Piper at the Gates of Dawn de Pink Floyd, leur logo emprunte à une figure vintage du rock, Nico, leur nom à une chanson du Velvet, The Black Angel's Death Song, et le titre de leur album au Passover de Joy Division. La musique est à l'avenant, ultra-référentielle, veloutée et souterraine, et, dans la veine pulsante des années 60, résolument antimilitariste. Car The Black Angels écrivent des chansons comme si l'Amérique était encore engagée au Vietnam (The First Vietnamese War, Young men dead), et, après tout, comme le montre une flopée de films américains récents sur la mauvaise conscience importée d'Irak, on n'en est pas si loin. Ce militantisme naïf ne les empêche pas de faire de Passover, vertigineux enchaînement de grands tubes déviants (Manipulation et son sitar surgi des enfers), un grand disque de noirceur retorse. Fidèle en cela à la grande tradition enfumée du rock austinite (Willie Nelson, Janis Joplin, 13th Floor Elevator, Explosions in the Sky...), pôle de résistance niché au cœur de la bête réactionnaire texane. SD


<< article précédent
Burial