NICK DRAKE

Fruit Tree


Island / AZ«Muré dans la tristesse et d'une torpeur maladive, ce chanteur compositeur anglais /.../ fut canonisé post-mortem /.../ pour les trois albums plaintifs /.../ qu'il enregistra avant son suicide présumé en 1974, à l'âge de 26 ans». Voici comment le Dictionnaire Snob du Rock évoque Nick Drake et les clichés qu'il se colle depuis trois décennies. «Tristesse», «albums plaintifs», «suicide» : tout le malentendu Nick Drake, estampillé chanteur pour midinettes tristes et vieux puceaux désemparés. La sortie de ce coffret (ses trois albums, en CD ou vinyl, et un DVD, le documentaire inédit Skin to Few) est pourtant l'occasion de découvrir une œuvre à la réputation pas si usurpée (Drake était un guitariste de génie), loin d'être si neurasthénique que supposée, mais au contraire empreinte d'un bucolisme qui évoque plus souvent l'aurore que le crépuscule, la floraison que l'automne. Tels Thought of Mary Jane sur Five Leaves Left ou Poor Boy, sur Bryter Layter, où Drake s'autoparodie en jeune homme éploré moqué par un chœur gospel («Ooh Poor Boy, so sorry for himself»). Il n'y a guère que Pink Moon, dernier album dépouillé et aride, qui soit emprunt d'une insolvable mélancolie. Mais même là, on parvient à entrevoir la lumière qui a toujours traversé l'œuvre (pas si) au noir du barde anglais, comme sur le dernier titre de l'album, From the Morning, titre idéal pour tuer dans l'œuf tous les réveils difficiles, qu'ils soient d'origine alcoolique, dépressive ou post-Saint Sylvestre. SD


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Acme