Le Bannissement

D'AndreÏ Zviaguintsev (Russie, 2h30) avec Konstantin Lavronenko, Maria Bonnevie...


Le choc ressenti à la découverte du Retour, premier film du Russe Andrei Zviaguintsev, laissait penser qu'on tenait un des auteurs majeurs du cinéma mondial. Le Bannissement est donc une énorme déception, tant la grâce de son œuvre précédente s'y transforme en plomb, la majesté esthétique devient une litanie de tableaux fiers de leur beauté. Zviaguintsev se regarde filmer avec une complaisance rarement vue. Prenez le début du film : une voiture roule à toute vitesse, traversant un plan composé au micromètre. Les six plans suivants n'apporteront aucune information supplémentaire, la voiture roule, les images sont magnifiques, et cinq minutes de film se sont écoulées sans que rien ne se passe à l'écran. Tout le film est du même tonneau, et ce qu'il raconte (comment un mari absent retrouve sa famille, puis «punit» sa femme infidèle en la poussant à avorter d'un enfant illégitime) ne justifie pas la durée éprouvante du métrage (150 très longues minutes), ni sa narration alambiquée. Enfin, quand, dans une séquence en montage alternée, Zviaguintsev raccorde l'avortement raté avec des enfants construisant un puzzle dont la figure centrale est... un ange, on se demande si ce Bannissement, en plus d'être assez détestable sur la forme, n'est pas carrément craignos sur le fond.

Christophe Chabert


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