L'héroïne baroque

Classique / Dans le cadre du 25e festival de musique baroque, Sandrine Piau revient avec son répertoire de prédilection. Vivaldi et Haendel comme alliers de longue date et Jérôme Corréas à la baguette comme musicien bienveillant. Pascale Clavel


Sa notoriété dans le domaine de la musique baroque n'est plus à faire, sa voix enchante et ses interprétations transcendent bon nombre de rôles. Dans le programme proposé lors du festival, Sandrine Piau incarnera des femmes aux destinées tragiques, toutes vouées au sacrifice : une Cléopâtre politiquement passionnée ; une Morgana très humaine. Allons pleurer avec ces femmes, allons nous réjouir de réentendre une soprano d'exception.Haendel, Vivaldi... Et Sandrine Piau pourrait-on dire. Quel lien avez-vous donc créé pour que chaque fois vous ayez le même plaisir à interpréter ces deux compositeurs ?Sandrine Piau : La formule, bien que flatteuse, est incomplète : je suis entourée de nombreux collègues pour lesquels les «flamboyances musicales» de ces deux compositeurs sont de véritables habits de lumière. Personnellement, c'est l'émotion, doublée d'une réelle empathie vocale avec cette musique qui me permet de décliner, au fil des lectures et des relectures, un plaisir infini. La difficulté technique est certes réelle, mais elle n'est jamais gratuite. Elle nourrit chaque fois l'intensité dramatique. En tant qu'interprète, je pense que cette virtuosité doit cependant toujours rester ludique. Ainsi le plaisir que l'on prend est communicatif et très souvent partagé avec le public.Vous avez chanté sous la baguette de chefs baroqueux prestigieux. Quel éclairage nouveau peut vous apporter votre travail avec Jérôme Corréas et les Paladins ?Jérôme Corréas est un ami, un collègue de longue date et aussi un chanteur. Ce triple regard est bien précieux. À la bienveillance, s'ajoute une grande connaissance des impératifs vocaux. Affranchi de ses aînés, il apporte un éclairage personnel aux ouvrages qu'il dirige, notamment au niveau des phrasés très souples. Il est donc passionnant de confronter mes propres habitudes à cette vision.Que vous inspirent Cléopâtre, Alceste ou encore Morgana ? Qu'en est-il de votre interprétation ? Comment, le temps d'un air, vous glissez vous dans leur peau ?Ces trois personnages sont aussi différents que possible ! Cléopâtre est une femme passionnée doublée d'une femme politique. Rien ou presque n'est sans arrière-pensée chez elle. La variété de la palette vocale et musicale de ce personnage est un pur cadeau pour l'interprète que je suis... Morgana est plus simplement humaine. Point d'arrière-pensée chez elle, mais une légèreté qui n'exclut pas la tragédie personnelle. La sincérité de la première fait écho à la duplicité de la seconde. Quant à Alceste, rôle masculin composé pour un Castrat, c'est une sorte de clin d'œil aux «Diva des divas» de cette foisonnante époque Baroque !Sandrine PiauJérôme Corréas / Les PaladinsÀ la Salle MolièreLes 27 et 28 novembre


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