Étonnants voyageurs

Influences / Trois groupes qui ont guidé Beirut sur les routes de ses voyages musicaux. SD


The Magnetic FieldsPorteur d'une certaine esthétique de l'électro pop bricolée, Stephin Merritt avait livré en 1999 avec 69 Love songs une exploration en règle de l'opérette pop (autrement appelée popérette). Sur ce triple album, monument de lyrisme de poche, il dressait une cartographie des États-Unis de l'Amour folk, à coups d'ukulélé, de trompettes, de claviers vintage et de chants enamourés. Travail certainement tombé dans l'oreille d'un Zach Condon, parfois aussi avare de guitares que son aîné, et dont la voix de jeune marquis ténorisé, comme les premiers enregistrements, rappelle beaucoup l'organe singulier des «champs magnétiques». Boban Markovic OrkestarLe jeune Zach Condon ne serait probablement pas tombé amoureux de la musique balkanique et de ses élans volcaniques, sans Boban Markovic, légendaire trompettiste serbe, que dans nos contrées on connaît au moins malgré nous. C'est en effet Markovic et sa fanfare, le Boban Markovic Orkestar, à la réputation inégalée depuis une vingtaine d'années dans toute l'Europe, qui inocule aux BO des films de Kusturica (Arizona Dream, Underground) cette folie mélancolique et festive qui a contribué au succès du cinéaste et marqué durablement la musique de Beirut. CalexicoComme Beirut, le groupe de Tucson, Arizona, a un nom géographiquement signifiant. Celui d'une ville frontière californienne, contraction de «Californie» et «Mexico», jouxtant sa jumelle mexicaine Mexicali, où voisins américains et mexicains s'épousent plus qu'ils ne s'opposent. Nom évocateur car Calexico fut l'un des premiers groupes contemporains à redonner au folk-rock des élans littéralement folkloriques, en l'accouplant avec la musique mexicaine. Dans le genre, les albums Hot Rail (2000) et Feast of Wire (2003) sont des sommets, tout comme le DVD World drifts in : Live at the Barbican, où à mi-concert le groupe de Joey Burns et John Convertino est rejoint par une meute de gringos en sombrero qui enflamme littéralement ce théâtre londonien.


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De quoi Beirut est-il le nom ?