Le chic français


Revue / Derrière l'écran de fumée des guitares branlées à la vite et des slims stérilisants (tendance représentée à Just Rock ? par BB Brunes et Stuck in the Sound), la programmation du festival permettra de mettre en lumière une autre réalité du rock français : celle de groupes détenteurs de la véritable richesse stylistique et mélodique hexagonale et démontrant mieux que quiconque que l'efficacité n'est pas sœur de la facilité. Revue d'effectifs : Hey Hey My My : le duo parigo-bordelais, régulièrement encensé dans ces pages et partout ailleurs, est l'une des plus belles surprises françaises de l'année. Comme les Byrds avant eux, les deux Julien ont choisi non pas d'abolir la frontière entre pop et folk mais de s'allonger dessus en fredonnant des ritournelles de cow-boys fringants dont beaucoup aimeraient avoir le secret.Rhesus : auteur à ses débuts d'une reprise fiévreuse de l'un des titres les plus vibrants de Cure, Friday I'm in Love, Rhesus cultive un lyrisme qui n'enlève rien à la redoutable efficacité de refrains taillés pour les stadium. Le groupe est pourtant toujours injustement affublé d'un statut d'éternel espoir glané lors de leur victoire au tremplin CQFD des Inrocks. Mais leur deuxième et impeccable album, The Fortune Teller Said, devrait contribuer à élever leur destinée. D'autant que les Grenoblois sont redoutables en concert. Pokett : vus à Lyon il y a deux ans, à l'initiative de leur pote Scalde, qui tiendra d'ailleurs la batterie pour eux, le groupe de Stéphane Garry est, des trois, le plus en retrait question notoriété. Injuste, tant Pokett s'affirme comme l'un des plus délicats joailliers de la french-pop, capable de vous choper les tripes avec des tubes bien élevés au charme pourtant aguicheur : Marmalade et Train sur Crumble (2004) et I don't sur The Peak, dernier album en date. Un disque qui croule sous une avalanche de références (Idaho, Gastr del Sol, Elliott Smith) dont il s'affranchit avec grâce. Et ne cède rien à la facilité mais tout à l'ambition d'une quête de sommets pop. SD


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La Danse s'encanaille