Vieille canaille


Musique / Une étude de l'Université John Moores de Liverpool a récemment montré qu'une rock star a deux fois plus de chance de mourir prématurément qu'un occidental moyen. À 81 ans, Chuck Berry, lui, monte toujours sur scène et emmerde la terre entière. Peut-être précisément parce que la méchanceté conserve et que Chuck a toujours été un authentique salopard. Misogyne, intolérant et susceptible comme une vigogne, il reste, avec Jerry Lee «j'ai épousé ma cousine de 13 ans» Lewis, un bad boy autrement plus crédible qu'Elvis le Pelvis : dès 1959, alors que le King est au garde-à-vous en Allemagne, Chuck est condamné pour proxénétisme sur la personne d'une jeune apache de 14 ans, puis pour évasion fiscale (un grand classique des bad boys, d'Alain Barrière à Johnny) et, dans les années 90, pour avoir placé, sacré coquinou, des caméras dans les toilettes pour dames de son restaurant. Keith Richards, son plus grand fan, se souviendra lui-même longtemps de sa première rencontre avec le maître, qui lui colle un pain en guise de présentations. Reste que Berry est l'auteur d'un riff éternel, ancêtre de 80% des morceaux rock depuis 50 ans, et d'une ribambelle de titres mythiques (Johnny B. Goode, Roll Over Beethoven ou You can never tell que les dandinements à catogan de Travolta dans Pulp Fiction ont rendu insupportable). Et si Lennon avoua un jour qu' «avant Elvis il n'y avait rien», ce sont les chansons de Berry que les Beatles reprenaient à leurs débuts et son Come On qui devint le premier single des Stones. Mais dans l'Amérique des années 50, le King ne pouvait être noir. La preuve, dans Retour vers le futur on tente même de nous faire croire que c'est Marty Mc Fly qui inspira le riff de Johnny B. Goode au cousin de Chuck. Et on s'étonne de son sale caractère...CHUCK BERRYÀ l'Amphithéâtre - Salle 3000Mercredi 21 novembre 2007


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Live (sans) contest