Le flacon et l'ivresse

Classique / Pour fêter son quart de siècle, le festival de musique baroque a sorti ses plus beaux atours. Le flacon ? La chapelle de la trinité à l'acoustique généreuse. Quant à l'ivresse... La lecture du programme donne par avance un petit vertige de plaisir. Pascale Clavel


Éric Desnoues, directeur artistique pionnier et visionnaire a su imposer à Lyon un festival des plus réputé d'Europe.Petit Bulletin : 25 ans... «L'âge des possibles », dites-vous. Qu'est-il donc devenu possible dans la programmation qui ne pouvait exister auparavant ?
Éric Desnoues : L'âge des possibles c'est la traduction à la fois d'une certaine maturité atteinte par le Festival et d'un enthousiasme toujours intact. C'est aussi le sentiment que le projet d'origine, faire découvrir la musique baroque dans le très beau patrimoine architectural de Lyon, reste pertinent et porteur d'éditions futures. C'est également l'expression d'une certaine fragilité car notre répertoire est peu compatible avec les contraintes économiques du moment. Aussi je rêve de rendre possible la programmation régulière des grands oratorios de Haendel et des grands motets à la française, d'opéras en version scénique, de financer le travail permanent d'un ensemble vocal professionnel attaché à la Chapelle de la Trinité, lieu désormais emblématique de la musique baroque en France.Cette programmation - qui a l'air d'un festival de hauts talents réunis - résonne-t-elle comme un aboutissement ?
Cette édition n'a pas la prétention de résumer à elle seule plus de 400 concerts donnés durant ces 24 années passées. Elle résulte de choix guidés par des coups de cœur pour des artistes et des œuvres. Elle réunit effectivement des interprètes de haut niveau qui ont pour la plupart débuté leur carrière soit au Festival, soit déjà participé durablement au Festival. Cette programmation n'est pas un aboutissement car elle s'inscrit dans la continuité de notre ligne artistique de haut niveau, qui s'attache à rendre attractive et vivante la musique baroque auprès du public, par l'invitation d'artistes aux personnalités exceptionnelles et le choix d'œuvres fortes à même de communiquer une véritable émotion à l'auditeur.Sandrine Piau et Philippe Jaroussky, par leur renommée même vont attirer les connaisseurs. Pouvez-vous dévoiler vos autres coups de cœur ?
Chaque concert programmé répond à un coup de cœur, mais pour des raisons différentes à chaque fois. Les récitals de Philippe Jarroussky et Sandrine Piau pour la voix et la personnalité des artistes, l'Orfeo pour la sensibilité de la Venexiana et l'adéquation de l'œuvre avec la Chapelle, le Miserere de Nebra pour la découverte à la fois d'une œuvre inédite et d'excellents musiciens espagnols, les Folias de Flamenca pour l'originalité du spectacle et la complicité artistique avec Denis Raisin-Dadre, Port-Royal pour William Christie qui excelle dans ce répertoire, Noël à Venise pour l'utilisation polyphonique des galeries de la Chapelle et l'expertise de Jean Tubéry dans ce domaine... la liste est encore longue !25e festival de musique baroque de Lyon
Du 14 novembre au 18 décembre


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