Quatre garçonnes dans le vent


Musique / À coups d'orgues cyclothymiques, de guitares en boucle montées en neige, et de chant désolé (au sens topographique du terme), les quatre filles d'Electrelane martèlent, depuis une demi-décennie, une sorte de psychédélisme de l'ennui. Une métaphysique du «rien à braire» qui n'est pas sans rappeler le cinéma de Sofia Coppola dans sa veine «trop dure la vie» ou plus exactement «trop molle la vie». On est pourtant bien loin du spleen extatique de The Virgin Suicides ou de la langueur en petite culotte de coton rose de Lost in Translation. Ici, les dessous seraient plutôt en Tergal. Ainsi de leur précédent album Axes (2005), creusant d'une traite, sans blanc entre les morceaux, le sillon instrumental et rêche de Rock it to the moon (2001), disque inaugural. Enregistré dans des conditions proches du live, Axes est ni plus ni moins que de la musique expérimentale aux mains du shoegazing, du post-krautrock se permettant un détour par les traditions juives d'Europe Centrale. Problème, une fois qu'on a laissé son charme agir, Axes peut se révéler, malgré une reprise sidérurgique et sidérante du Partisan de Leonard Cohen, un tantinet casse-bonbons. Le précédent The Power Out (2004) avait au moins l'avantage de contenir une flopée de tubes électrisants (This Deed, hommage à Nietzsche, The Valleys) et des changements de rythmes bien plus haletants. Mais, bonne nouvelle, c'est à cette approche plus pop que recourt le dernier No shouts, no calls. Tout aussi efficace (After the call) et nettement plus positif sur le fond et la forme (Cut and Run et son banjo passeraient presque pour du Kimya Dawson), il laisse entrevoir chez les quatre de Brighton des lendemains qui chantent et moins désenchantés. ELECTRELANEAu Transbordeur, le 20 novembre 2007"No shouts, no calls" (Too PureNaïve).


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Le flacon et l'ivresse