Delirium très mince


Théâtre / L'avantage avec la dernière pièce de Planchon, c'est que l'on ne nous trompe pas sur la marchandise. Œdipe 2007 est annoncé comme «un divertissement», pas une grande pièce. L'histoire commence par un prologue de Sophocle et l'arrivée d'Œdipe et Antigone, en costumes antiques. Très vite, le mythe est transposé dans le présent, tel que l'imagine (le raille ?) le metteur en scène. On troque Colone pour l'Ardèche, Œdipe échange ses haillons contre des lunettes de soleil et un manteau en cuir et tente d'échapper aux paparazzi et à Interpol (???) accompagné par sa fille Titi-la-Poisse. Ce nouvel Œdipe, homme d'affaires véreux, envisage de bâtir la Nouvelle Athènes aux pieds du mont Gerbier-de-Jonc. Dans un méli-mélo dénonçant la presse people, le capitalisme, la télévision, les attentats suicides au nom de la religion et la vacuité de l'existence, quelques remarques provoquent le rire sincère du public, mais on perd vite le fil d'une intrigue qui a finalement peu d'importance. Alors certes c'est un peu brouillon, la pensée politique se situe bien en dessous du niveau des pâquerettes, les répliques ne sont pas toujours très fines (ni très drôles) et l'on ne voit pas précisément où Planchon veut en venir. Bien sûr, le metteur en scène croit encore qu'utiliser les mots «sodomie» ou «pute» sur une scène donne immédiatement un côté «trash» à sa création. Mais ne soyons pas trop mauvaises langues. Œdipe 2007 n'en demeure pas moins un divertissement honnête, plutôt bien interprété, pas vraiment un thriller, pas vraiment trash mais vraiment pas honteux. Dorotée AznarŒdipe 2007, un thriller trash antique de Roger PlanchonAu Studio 24 (24 rue Emile Decorps, Villeurbanne)Jusqu'au 18 novembre


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Les mélodies du cœur