"Détermination et ouverture d'esprit"

Entretien / Najat Vallaud Belkacem, Chargée de mission au cabinet du Maire de Lyon et Conseillère Régionale déléguée à la Culture. Propos recueillis par DA


La vie nocturne doit-elle, selon vous, être valorisée voire développée ? Peut-on préserver la tranquillité des Lyonnais tout en offrant aux populations étudiantes et aux populations jeunes des lieux de vie ? Oui, les responsables politiques ont le devoir de s'intéresser à la vie nocturne. D'abord parce que la diversité et la qualité des activités proposées dans une ville la nuit sont aujourd'hui des facteurs d'attractivité essentiels, une part essentielle de la qualité de vie pour les urbains. Ensuite parce que le débat entre les partisans d'un centre ville hyper dynamique la nuit, et ceux qui mettent la tranquillité des riverains au premier plan est un condensé de tous les paradoxes du «vivre ensemble» dans une même ville. L'équilibre est bien sûr possible. Plusieurs cafés-concerts ont dû fermer leurs portes ces dernières années, notamment à cause des problèmes de bruit. Y a-t-il, comme on a pu le dire, une volonté d'aseptiser les pentes de la Croix-Rousse ? Certainement pas. Du côté de la Municipalité, on est au contraire très attaché à préserver cette spécificité des pentes croix-roussiennes, car une part de son avenir dépend de la créativité qui s'y exprime, notamment la nuit. Mais c'est toujours une question d'équilibre, on ne peut pas tout permettre sur un territoire comme celui-ci, qui est un des quartiers d’habitations les plus denses d'Europe. Le futur pôle «Lyon Confluence» a-t-il pour objectif de devenir l'un des principaux lieux de vie la nuit ? Quelles seront les activités qui y seront proposées ? La Confluence est un projet urbain conçu, dès sa première phase de réalisation, pour accueillir à la fois du logement, des bureaux, du commerce, de la culture, des services publics et de très vastes étendues d'espaces verts. Il y aura, au sein du pôle de loisirs situé en bordure de la place nautique, des bars, des restaurants, des hôtels et donc, pourquoi pas, des boîtes de nuits, des clubs et lieux de concerts. Mais les règles du jeu ne seront pas différentes d'ailleurs et tout le monde devra les respecter pour instaurer un modus vivendi qui convienne à chacun. Il faut bien avoir à l'esprit que la Confluence, c'est une surface équivalente à celle de la presqu'île actuelle, et qu'il y aura de la place pour tout le monde. Je ne doute pas une seconde que, très vite, on pourra y danser tard le soir et qu'une nouvelle scène nocturne y verra le jour. C'est en tout cas ce qu'on peut souhaiter de mieux à notre ville et aux Lyonnais. La mise en place de la Charte pour la qualité de la vie nocturne a-t-elle déjà eu des effets ? C'est toujours une excellente chose que d'établir des règles claires, identiques pour tous, dans un esprit de transparence et d'équité. Il y a dans cette charte une dimension pédagogique qui a d'ores et déjà porté ses fruits dans les esprits, et je sais que les différents partenaires concernés par ce dispositif en sont globalement satisfaits. Une vie nocturne de qualité influe-t-elle sur le rayonnement d'une ville ? Lyon vient d'être reconnue comme étant l'une des villes les plus attractives en termes d'accueil de congrès. Pour les lyonnais et leurs visiteurs, l'offre des institutions et des acteurs culturels doit être complétée et renforcée par une offre nocturne dynamique. Ce sont toutes ces offres additionnées qui font la réputation et l'attractivité d'une ville. Danse, musique, partage : Lyon peut et se doit d'autant plus d'être à la hauteur de ses consœurs Bruxelles, Barcelone ou Berlin, que les acteurs et les artistes sont nombreux et désireux de s'y investir. Si Gérard Collomb est réélu, y aura-t-il une 'politique' en direction de la nuit ? L'idée d'avoir un «adjoint de nuit» au sein de l'équipe municipale semble faire son chemin : celui-ci animerait entre autres une équipe de «médiateurs de nuit» connaisseurs de la vie culturelle et nocturne, et en mesure d'intervenir pour prévenir les débordements sur la voie publique. Il faciliterait les projets et le dialogue entre les services et les acteurs culturels. Par ailleurs, des expérimentations pourraient être tentées : horaires de nuit pour les piscines, les bibliothèques etc. Les petits lieux de proximité privés pourraient quant à eux être pris en compte dans un dispositif de soutien, au titre des missions qu'ils se donnent : débats intellectuels, programmation musicale... Enfin, il serait intéressant d'analyser d'ores et déjà l'impact des Velo'v sur les pratiques nocturnes des plus jeunes : la valse des petites lumières bleues au milieu de la nuit est un spectacle dont je ne me lasse pas. En conclusion, je suis certaine que Gérard Collomb saura aborder son projet pour Lyon la nuit avec la détermination et l'ouverture d'esprit dont il a su faire preuve pour les Nuits Sonores dont plus personne ne conteste l'intérêt aujourd'hui, ce qui n'a pas toujours été le cas.


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