Cafés frappés

Concerts / Oubliez les concerts aux allures de congrès dans les hangars à viande : Tokio Hotel à la Halle Tony Garnier ou Bangkok Bed & Breakfast au Mégazénith de L'Arbresle, les cafés concerts, c'est là que ça se passe. Mais où exactement ? Stéphane Duchêne


On n'y découvre pas les Beatles ou Bob Dylan tous les jours, et statistiquement, on a plus de chances d'y croiser de jeunes britpopeux acnéiques ou des irlandais beuglant le Dirty Old Town des Pogues, que le nouveau Jeff Buckley, mais c'est bien dans les cafés-concerts que bat le cœur de l'industrie, enfin, disons, de l'artisanat musical. Ça tombe bien, à Lyon, les cafés chantants pullulent. Passons sur le Bistroy (1, rue Chappet) dont la légende continue d'irradier les pentes, grâce non seulement à son statut d'ancêtre (douze ans d'existence) et la résistance acharnée que mène son patron Guy-Pierre Turco face aux grands lobbies des poseurs de sourdines, mais aussi parce que le Bistroy a toujours réussi l'exploit d'accueillir les plus grands dans un espace de la taille d'un godet. Autre grand classique, le Sirius (en face du 2, quai Augagneur), péniche-concert qui ne connaît que peu de flottements entre concerts bien achalandés, d'innombrables soirées mix (ne pas manquer les sets Biscuit et Rock this town), blind tests musicaux d'anthologie et vue sur le Rhône (la nuit on ne voit pas qu'il est pollué). Ses cousins flottants La Marquise (orientée électro/hip-hop/soul, en face du 20, quai Augagneur) et le Sonic (en face du 4, quai des Étroits) ne sont pas en reste. Considéré par les experts de Grrrnd Zero comme le dernier endroit véritablement underground sur terre, le Sonic est un paradis pour les amateurs de post-rock polonais ou d'indus breton. Caveau concert Autre concept tout aussi lyonnais que la péniche, le caveau concert, où se dégage un quatuor complémentaire : Cavern Lyon (11, rue des Trois Maries), Citron (20, rue St-Georges), Johnny's Kitchen (48, rue St-Georges) et Trokson (110, montée de la Grande Côte). La bien nommée Cavern vaut pour son ambiance cryptique en dédale où résonnent concerts de rock et mixes pop. Le Citron, lui, offre la programmation la plus intrinsèquement rock n'roll entre ici et Liverpool, avec ambiance murs qui suintent de rigueur et un public juvénile qui flanque un sale coup de vieux aux plus de 18 ans. Et si le Johnny's Kitchen lui opte pour l'éclectisme entre chanson française, jazz, musique traditionnelle irlandaise et rock le week-end, le Trokson s'occupe d'occuper virilement les versants punk et garage. Enfin, on saluera le petit joyau de la bande, spacieux et doté d'une acoustique impeccable : le Double Six (36, avenue Joannès Masset), «le seul et unique guitar café de Lyon». Implanté dans un ancien boulodrome de Vaise, on a là un très bel objet, façon diner américain aux murs recouverts de Gibson, Gretsch et autres Rickenbacker (des guitares, quoi). On peut regretter une programmation parfois un rien trop bruitiste (on y pourtant vu un magnifique concert du douillet duo folk Clermontois Cocoon), mais la salle de ce mini Ninkasi a vraiment du style.


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