Les Beaux Arts bien installés, merci

Visite / La peinture a séché, et la machine à café fonctionne à nouveau plein régime. L'École nationale des beaux arts de Lyon fait cette semaine sa première véritable rentrée dans ses locaux neufs, investis en mars dernier, sur le site des Subsistances. Dalya Daoud


Le chantier s'est étendu en longueur mais, désormais, le dernier bâtiment qui attendait sa réhabilitation sur le site de l'ancien couvent puis ancien moulin, est une véritable ruche grouillant d'yeux éduqués et de mains traceuses. Quatre-vingt-trois étudiants inscrits en première année découvrent seulement les lieux, tandis que les autres ont déjà presque oublié la rue Neyret. «C'est d'autant plus facile que nous, étudiants en première année, étions confinés au sous-sol, avec de minuscules meurtrières pour fenêtres», se rappelle Morgan, qui suit à L'Enba l'option design produits. Pour Yves Robert, directeur de l'école, «les étudiants se sont appropriés les lieux très rapidement, grâce au travail de l'architecte sur l'agencement des salles, qui est très réussi». Du côté de certains élèves le contentement est néanmoins plus nuancé. Les ateliers n'ont pas de lavabos à proximité, et l'atelier photographie ne bénéficie que d'une faible lumière venue de la cour intérieure. «Mais les volumes sont beaux, et les lieux plus vivants», concède Cécile, étudiante en deuxième année.Chantiers achevésCette délocalisation était en fait prévue depuis trois ans et correspond à un autre chantier, pédagogique cette fois. L'école d'arts appliqués (l'Eaa) de Lyon vient en effet d'être absorbée par l'Enba, et Yves Robert avait d'ailleurs été nommé à la tête de l'établissement dans le but de réaliser cette fusion. «Les diplômes de l'Eaa n'étaient pas reconnus par l'Etat, nous avons donc voulu les intégrer dans des filières courtes, en design graphique, textile et produits», explique-t-il. La nouvelle maquette pédagogique de l'école a donc été renforcée de sections arts appliqués, ce qui est un nouvel atout dans le rayonnement de l'école. «Nous sommes très regardés au niveau international», affirme Yves Robert. Un petit groupe d'étudiants étrangers visite justement les lieux en ce premier jour d'octobre et, naviguant entre les pôles numérique et estampes, il découvre avec une joie toute particulière «le magasin». Il s'agit de deux locaux remplis de caméras, appareils photos numériques et argentiques, mais aussi perceuses et outils qu'ils peuvent emprunter pour leurs travaux. Le matériel a même déjà été prêté à des artistes en résidence, pas loin, dans les parties occupées par l'association des Subsistances. «Nous n'avons rien à voir, c'est un lieu de diffusion et, l'Enba, de formation», tient tout de même à préciser Yves Robert pour bien éclaircir les choses sur des liens fantasmés entre les deux activités. «Les relations se fortifieront naturellement, ajoute-t-il. Aucun lien n'étant à faire absolument, ils se feront éventuellement avec beaucoup de facilités». Il imagine très bien que, par exemple, en buvant un café à la terrasse du restaurant Quai des Arts, troisième zone d'activité sur le site, «un artiste et un étudiant puissent échanger».


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