De l'avenir dans le théâtre

Théâtre / L'ancienne école de la rue Blanche s'est établie à Lyon, il y a dix ans. Le bilan de cette délocalisation semble positif, à la veille de l'invasion par les étudiants des salles cirées durant l'été. Dalya Daoud


Cécile de France en est sortie diplômée en 1998, pour entamer la carrière que l'on connaît. À une échelle plus confidentielle et néanmoins notable, pas moins de quatre anciens étudiants de l'École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (Ensatt) mettent en scène cette année des spectacles à Lyon, en tant que professionnels. Quatre autres étudiants, qui étaient encore sur les bancs de l'école en juin dernier, viennent d'intégrer la troupe de comédiens permanente de Christian Schiaretti, directeur du Théâtre National Populaire. D'autres sont régulièrement employés à la Comédie de Valence. «Le travail d'intégration des élèves avec les professionnels de la Région est vraiment bien huilé», résume Gérard Schembri, qui a pris la tête de l'école l'an dernier, après le départ de Patrick Bourgeois. Pour lui, la délocalisation du prestigieux établissement a marqué le départ de son développement, qui trouvera d'ailleurs un point d'orgue concret à la rentrée 2008. En effet, face au bâtiment de l'Ensatt, en forme de fer à cheval et construit spécifiquement pour l'enseignement des arts dramatiques, le chantier d'une extension des locaux de près de 4000 m2 tient la cadence. Ils accueilleront notamment les étudiants des nouvelles disciplines enseignées dans l'école : l'écriture dramatique (depuis 2003, avec la première promotion sortie en 2006) et, la plus récente, la mise en scène (avec une première promotion sortie l'an dernier).Appels de phareMe zo gwin ha te zo dour ou Quoi être maintenant ? C'est le titre du texte de Marie Dilasser, issue de la première promotion en écriture de l'Ensatt. Publiée aux Solitaires intempestifs, cette pièce étonnante a été mise en scène l'an dernier à Valence par Michel Raskine, un habitué de l'Ensatt qui y a déjà monté deux spectacles et en prévoit un autre en 2008. «Le monde du théâtre est en demande de textes contemporains, plus qu'on ne le croit», affirme-t-on au sein de l'école. Quant au département de mise en scène, dirigé pendant trois ans par Anatoli Vassiliev, Gérard Schembri révèle que «ce sera un couple l'an prochain, Christian Schiaretti et Alain Françon». En pleine mise en place du prochain contenu pédagogique avec les deux metteurs en scène, le directeur de l'Ensatt confie qu'il constate, comme eux, une perte de repères dans le théâtre. «Je pense au Cartel, à Vilar ou Vitez, précise-t-il, nous n'avons plus cela en France.» Et il ajoute que l'Ensatt pourrait devenir «non pas le phare du théâtre français, mais un nouveau point de repère». L'école semble ainsi prendre un virage que Gérard Schembri n'a pas l'intention de rater. Sa volonté d'asseoir encore l'institution ne l'empêche pas de déclarer, alors plus audacieux : «je veux laisser plus de place à la personnalité artistique et la créativité des élèves, quitte à perdre un peu de l'aspect «métier» dans l'apprentissage. Je veux leur dire de ne pas être neutres, mais radicaux».Britannicus, ms Joseph FioramanteDu 8 au 19 octobreÀ l'Ensatt, 4 rue Sœur Bouvier, Lyon 5e (04 78 15 05 07)


<< article précédent
Les Beaux Arts bien installés, merci