La rentrée des week-ends

Perf' / Ce week-end, c'est aux Subsistances que ça se passe : trois artistes pour trois jours de performances. Petite revue de détail. Dorotée Aznar


C'est bien connu, la rentrée, ça donne envie de week-end. Ça tombe bien, les Subsistances proposent de découvrir 3*3 perf'live, à partir de jeudi 27 septembre. Ne vous fiez pas au titre de l'événement, le principe du week-end est très simple et ne nécessite aucune aptitude particulière en anglais ou en maths : trois équipes artistiques proposent trois spectacles performatifs et «hors normes». Le terrible provocateur sud-africain Steven Cohen ayant repoussé sa visite à janvier prochain, ce sont Oskar Gómez Mata, Alice Chauchat et Frédéric Gies et David Bobée qui s'y collent. Avec Gómez Mata, le spectateur n'en croira pas ses yeux. Epiphaneïa, pièce qualifiée de «fantaisie pour un collectif» interroge le regard, l'obscurité, la disparition en mêlant acteurs voyants et non-voyants. Quant à Alice Chauchat, son nom ne vous dit sans doute rien et c'est bien normal, sachant que cette jeune diplômée du Conservatoire National Supérieur de Lyon partage habituellement son temps entre Paris et Berlin. Pour sa performance aux Subsistances, elle s'associe au danseur Frédéric Gies et propose aux spectateurs de découvrir un des volets du projet "Praticable" qu'ils mènent ensemble. The Breast piece réunit en tout cinq jeunes chorégraphes et danseurs qui s'intéressent non pas aux yeux mais aux seins. De l'anatomie à la pornographie, ils tenteront «d'inventer une autre manière de transmettre et de vivre la danse». On ne demande qu'à voir.Le KA BobéeDavid Bobée, le petit dernier, a fait ses armes avec Éric Lacascade. On l'avait découvert avec Cannibales, une pièce aux frontières du théâtre, de la vidéo, du cirque et de la danse. Avec son nouveau projet Petit Frère, Bobée utilise encore la matière-texte fournie par son complice Ronan Chéneau. Mais les corps parlent ici plus que les mots. Séverine Ragaigne et Alexandre Leclerc (danseurs du spectacle Cannibales) forment ici une fratrie que l'on sait condamnée. Comme chez Anouilh, on expédie le tragique et, sachant que cela finira mal, on se concentre sur les possibles échappées. Mais pas de héros tragique ici. Sur la scène, une Ford KA grise, comme le reste du décor. Une voiture moyenne pour un drame banal. Un ours en peluche géant. Et la souffrance de la perte, la culpabilité de celui qui reste. David Bobée aime aussi la fumée, celle qui s'échappe du capot d'une voiture accidentée, celle qui plonge le spectateur dans le brouillard et l'oblige à écarquiller les yeux. Et puisqu'on a déjà la fumée, reste à espérer que le feu prendra.3*3 Perf'LiveAux SubsistancesLes 27, 28 et 29 septembre


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La Biennale joue et... se perd