Un homme heureux

En hausse / Le théâtre de la Croix-Rousse devient une Scène nationale. Un label qui devrait modifier l'offre et l'esprit de ce lieu, dirigé depuis dix ans par Philippe Faure. Explications. DA


Depuis le temps qu'il attendait ça, Philippe Faure, directeur du théâtre de la Croix-Rousse a obtenu gain de cause. Son théâtre devient dès la rentrée une scène nationale. Une bien jolie appellation, pas forcément simple à appréhender. En clair, qu'est-ce que cela va changer pour le théâtre... et pour le public ? C'est tout d'abord au porte-monnaie que cette reconnaissance du théâtre par l'État devrait faire beaucoup de bien. Dès 2008 en effet, le théâtre recevra une rallonge de 100 000 euros et ce pendant trois années consécutives. Une somme considérable sachant que les autres Scènes nationales (Grenoble, Chambéry ou Annecy ont vu leurs subventions revues à la baisse). Des fonds plus que bienvenus sachant que les finances du théâtre n'étaient pas au beau fixe depuis plusieurs années. «Le théâtre de la Croix-Rousse est devenu une très grosse maison sans les moyens qui s'y rattachaient. J'ai donc investi sur l'avenir, en dépensant plus que ce que j'avais. Depuis deux ans, l'heure du remboursement des déficits a sonné et aujourd'hui les comptes sont en équilibre», explique Philippe Faure. Au-delà de l'aspect financier, il y voit également une forme de reconnaissance de son travail et du public qui fréquente son théâtre : «pour les 9000 abonnés du théâtre, c'est essentiel car cela signifie qu'ils ont eu raison de soutenir ce lieu».En pratique
La programmation de la Croix-Rousse est bouleversée par ce nouveau statut. Le théâtre, qui accueillait auparavant entre 15 et 22 spectacles chaque saison devrait «revenir à quelque chose de plus artisanal», selon les mots de Philippe Faure qui a, pour l'occasion, remercié sa conseillère artistique et assumera désormais seul le choix des spectacles programmés. Chaque saison sera désormais articulée autour d'une thématique et les metteurs en scène invités à travailler sur le sujet. «Nous allons devenir une force de proposition et pas seulement un lieu d'accueil des spectacles. Nous voulons provoquer le désir», insiste Philippe Faure. Une petite révolution pour les fidèles qui devront s'habituer à ce nouveau mode de fonctionnement. Le premier thème retenu est «La tentation du clown». L'occasion pour Faure de reprendre en octobre la Naissance d'un clown (créé cet été pour les Nuits de Fourvière). Des reprises encore au mois de novembre avec On ne badine pas avec l'amour de Musset, mis en scène par Faure et Bérénice de Racine, mis en scène et interprété par Jean-Marc Avocat. Pour les nouveautés, Françoise Coupat crée La Célestine de Fernando de Rojas fin novembre, Philippe Delaigue et le Quatuor Debussy poursuivent leur collaboration avec Le Bonheur des uns en avril. Citons encore pêle-mêle Laurent Pelly qui présentera Souingue ! Souingue ! du 8 au 11 novembre, Julie Brochen, Valérie Dréville et leur décevant Échange de Claudel créé cet été à Avignon et présenté en février, ou Omar Porras (un nom qui devrait résonner aux oreilles des habitués de la Croix-Rousse) en mars et en mai avec Maître Puntila et son valet Matti de Brecht.


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