«J'aime créer des personnages»

Entretien / Pierre Péju publie "Cœur de pierre", une subtile variation sur la création romanesque. Propos recueillis par Yann Nicol


Petit Bulletin : Est-il important pour vous de faire partie de la fameuse rentrée littéraire ?
Pierre Péju : C'est bien entendu mon éditeur qui choisit de faire paraître mes romans à ce moment-là. C'est évidemment positif, puisque c'est une période de grande attention de la part du public, des lecteurs et des critiques, mais cela constitue également un risque : celui d'être noyé dans la masse. À travers le face à face entre un écrivain et sa créature, Cœur de pierre propose une nouvelle réflexion sur l'écriture et la création artistique en général (c'était déjà le cas dans La Petite Chartreuse ou Le Rire de l'ogre). Pourquoi placer la littérature au cœur de vos livres ?
Parce que je vis au milieu des livres et que pour moi, écrire, c'est aussi être en relation avec tout ce qui a été écrit auparavant. Je suis un lecteur boulimique, je note des phrases dans les ouvrages que je lis et celles-ci se retrouvent dans mes romans, comme si elles en étaient les fantômes. En quoi les personnages ou l'intrigue d'un roman peuvent-ils échapper à leur créateur ? Leur «autonomie» n'est-elle pas une posture d'écrivain ?
Dans mon cas, j'affirme que cela n'est absolument pas une posture. J'aime créer des personnages qui, je l'espère, tiennent la route, mais lorsque je les compose, je me rends compte qu'après l'impulsion première, ces personnages répondent à une logique propre. C'est le cas de Leila, pour laquelle je donne beaucoup de détails et dont certains traits se sont d'une certaine manière imposés à moi au fil de sa composition. C'est précisément cela que je voulais explorer dans Cœur de Pierre, en réécrivant par trois fois un même passage, en l'occurrence la mort de Schulz. Cela était à la fois difficile et excitant. Quels sont les livres de la rentrée que vous conseilleriez à vos lecteurs ?
Il me semble que l'on parle beaucoup de livres qui sont plus médiatiques que littéraires. J'ai pour l'instant lu les manuscrits de mon éditeur et je pense qu'un homme comme Philippe Forest, qui publie Le Nouvel Amour, est l'un des plus grands écrivains du moment.


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«La Comédie-Française fascine»