Ambiance en eaux troubles

Actu / Le cinéma l'Ambiance a fermé ses portes le 15 décembre dernier. Depuis, la société propriétaire des murs a décidé d'y implanter un commerce, refusant l'accès à potentiel repreneur. Dorotée Aznar


Qu'est-ce qui se trame derrière les portes closes de l'Ambiance, depuis le mois de décembre ? Il n'est pas aisé de connaître précisément le projet de la société immobilière propriétaire des lieux. La presse avait largement fait écho de la probable arrivée du chinois Marionnaud dans les murs, mais il semblerait que les démarches n'aient pas abouti. Le bâtiment qui abritait les écrans du cinéma l'Ambiance n'appartenait pas, en effet, à son exploitant mais à la société ANF (filiale à 90% d'Eurazeo, ancienne société de la rue Impériale). Le patrimoine lyonnais d'ANF est d'environ 100 000 m2 situés pour l'essentiel rue de la République, et principalement composé d'immeubles haussmanniens. La politique de cette société immobilière est, selon ses termes, de «mettre en place de commerces générant davantage de flux piétonniers pour dynamiser le secteur entre la place des Cordeliers et l'Hôtel de Ville».Urgence toute relativeLa politique de cette société n'est pas forcément en accord avec celle que souhaite mettre en place l'équipe municipale puisque nos interlocuteurs à la Ville de Lyon ont affirmé «ne pas souhaiter particulièrement que l'ancien cinéma devienne un commerce». Une bonne nouvelle, a priori, puisqu'un exploitant de cinéma a récemment fait savoir qu'il pourrait être intéressé pour rénover l'Ambiance et redonner vie à l'ancien cinéma. Mais, pour cela, encore faudrait-il qu'il ait la possibilité de visiter les lieux avec un architecte pour s'assurer de la faisabilité du projet. Un accès que la société ANF lui refuse obstinément, sans aucun motif. «Je n'ai pas la certitude que l'on puisse poursuivre l'activité cinéma dans cette salle, mais il n'est pas normal que l'on ne me laisse pas au moins regarder si cela est faisable», déplore ainsi le potentiel repreneur. Selon nos sources, la société ANF aurait éliminé la possibilité de maintenir un cinéma dans les lieux (notamment pour des problèmes de sécurité et de mise aux normes) et serait actuellement en négociation avec le groupe Monoprix. Quant au directeur régional de Monoprix, Jean-René Cazalis, il nous a affirmé, comme il fallait s'y attendre, «ne pas s'être renseigné et ne pas être au courant du dossier». Y a-t-il une quelconque urgence à liquider un cinéma de 1915 qui -rappelons-le- n'a pas fermé pour des raisons économiques afin d'y implanter une boutique ? Au regard des réponses évasives ou absentes que nos diverses requêtes ont reçues ces dernières semaines, il semblerait que les quelque 100 000 entrées par an, réalisées par l'Ambiance, pèsent bien peu dans la balance.


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