Politiques frictions

Festival / Pour sa deuxième édition, le festival Reflex Rock du Ninkasi entre en politique en posant les bonnes questions : Pour ou contre les Plastiscines ? Fallait-il voter Wampas ? Doit-on émigrer en Suisse ou militer à Lyon ? Réponse : du 23 au 25 mai. Stéphane Duchêne


On le sait, «tout est politique» : le plus petit trémolo de Mireille Mathieu pour les «cent mille ans qui viennent» (5 ans suffiront, merci Mireille) comme le plus infime hoquet fiscal de Laeticia Hallyday. En ce lendemain d'élection présidentielle, le Festival Reflex Rock l'est aussi. Sa conférence de presse a ainsi donné lieu, pour de vrai, à un débat animé et politiquement connoté : «pour ou contre les Plastiscines ?». Lesquelles sont parvenues sans effort à faire la quasi unanimité contre elles (trop parisiennes, trop formatées, trop incompétentes, ont été les arguments les plus cités). Politique, ce festival car il programme en pleine aurore sarkozyste, l'une de ces formations parisiennes que la France adore détester (sur Myspace fleurissent les sites anti-Naast et anti-Plastiscines, rebaptisées Pastrèsfines ou Fnactiscines). C'est que ces groupes sont pour beaucoup le symbole d'une jeunesse assistée qui n'est pas celle qu'on croit. Quant à leur public, il ressemble mèche pour mèche et veston pour veston, à cette jeunesse UMP qui adule Nicolaaaas et n'aime de ce rock-là que ses penchants néo-conservateurs. Politique, le Reflex, parce qu'il joue l'alternance en programmant deux jours avant les Wampas, figure de proue de la gauche musicale et représentants revendiqués du rock d'en bas : quand Johnny bosse deux jours par an pour Optic 2000, Didier Wampas fait ses heures sup' à la RATP. Qui est in, qui est out ?Drôle de coïncidence, après avoir voulu mettre Chirac en prison, comme Arnaud Montebourg et ses amis, les Wampas ont été eux aussi défaits à des élections, à l'occasion des primaires françaises pour les Européennes de la chanson (l'Eurovision). L'échec de leur programme, le délicieusement démago Faut voter pour nous, et la victoire de Fatals Picards finalement plus Picards que fatals (22e sur 24), a démontré la propension française à voter beaucoup, fut-ce par SMS, mais avec les pieds. C'est peut-être pour cette raison, plus que le bouclier fiscal insuffisamment étanche de nos chanteurs pénibles, qu'on est tenté parfois de regarder du côté de la Suisse. Ce que fait le Reflex Rock en invitant les Young Gods, antiques rockers helvètes qui ne se contenteront pas de jouer la neutralité. Ce sont tous ces antagonismes que défend ce festival avec son panorama rock jouant l'ouverture : anciens contre nouveaux, nouveaux qui font de l'ancien contre anciens qui font du neuf. Mais aussi rock jacobin contre une pop décentralisée qui, à Lyon, se révèlera peut-être elle aussi plus politisée que prévue : le temps des élections, Music is not fun avait fusionné son logo tricolore et celui du PS, et Déjà Vu en reprenant le Qui est in qui est out ? de Gainsbourg remet en cause les notions de vainqueurs réels et de vaincus symboliques en posant une vraie question d'actualité. Car une partie de la réponse venait d'elle-même le 6 mai dernier quand Jeane Manson et Miss Dominique bramaient Oh Happy Day dans les tympans d'un François Fillon à la recherche d'un trou se souris. REFLEX ROCK FESTIVALAu Ninkasi Kao Du 23 au 25 mai


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