Joyeux bordel

Nuits Sonores (4) / La dernière Nuit sonore, celle du samedi, promet d'être un audacieux bric-à-brac de styles, de pays et d'atmosphères, avec une nouvelle génération parisienne en tête de pont. CC


D'habitude, le samedi soir aux Nuits sonores est plutôt boum-boum, manière de concilier dans le public les clubbers en goguette et quelques esthètes fidèles du festival. En 2007, les choses seront un peu différentes. Certes, à partir de 1 heure, ça risque de monter en puissance histoire de maintenir les paupières ouvertes jusqu'à l'aube et la sieste sonore dominicale, mais ce qui étonne dans cette triple programmation, c'est l'éventail des styles et des registres qui vont s'enchaîner dans la programmation. Ainsi, sous la verrière, ce sera d'abord hip-hop, avec les excellents Gourmets, qui auront réussi en deux ans à se placer sur l'affiche officielle de L'Original et de Nuits sonores, prouvant ainsi que leur rap était quand même sans frontière et sans œillère, puis avec Mixmaster Mike, le Dj des Beastie Boys, grosse pointure de la soirée. Ensuite, transition vers la drum'n'bass avec la rencontre entre la Lyonnaise Flore et l'Anglais Will White, puis celle du Dj brésilien Marky et du MC londonien Stamina. Ça pourrait suffire à tenir toute la nuit, mais il y a encore de très bonnes choses à entendre sur les autres scènes.Paris, ParisLe retour pour cette cinquième édition de quelques noms déjà invités lors des années précédentes (James Holden, FM Einheit...) laissait penser qu'une nouvelle génération peinait à émerger. Vincent Carry l'infirme : «La génération Trax, les labels comme Ed Bangers, Institubes, ceux-là régénèrent la scène. Il y a eu des séquences dans l'histoire française de l'électro, tantôt plutôt Paris, tantôt plutôt Province. Là, c'est plutôt Paris...» La preuve au hangar avec deux artistes en plein buzz, Sebastian et Surkin, qui prennent effectivement le relais de Dj Medhi ou Para One pour imposer une électro bricolée et ouvertement dansante fortement influencée par le hip-hop et la ghetto-tek américaine. Mais l'artiste majeur de cette nouvelle scène, c'est sans conteste Joakim (qui se produira, lui, sur l'Esplanade entouré de quelques artistes venus du Froid - Suède, Norvège, Allemagne - ou du très chaud - Israël). Son premier album, Monsters and silly songs est un des disques les plus inclassables du moment, tant son auteur est capable d'aller emprunter d'un morceau à l'autre les guitares allemandes du rock avant-gardiste façon Neu ou Can, le chant en anglais blanc et froid de Faust et Joy Division, les synthétiseurs mélodiques et pop de Depeche Mode et New Order, le piano d'Erik Satie ou encore les ordinateurs timbrés d'Aphex Twin. Étrange mélange, passionnant, déroutant et franchement personnel, ce qui situe Joakim sur une galaxie tout à fait à part dans le paysage français. À lui seul, il incarne toute l'ouverture d'esprit de cette dernière Nuit beaucoup plus excitante que lors des éditions précédentes.Nuit 4Aux SubsistancesSamedi 19 mai de 21h30 à 6h


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«Mettre en valeur la diversité artistique lyonnaise»