Spider-man 3


Critique / Disons-le tout de suite : Spider-man 3 n'est pas aussi enthousiasmant que son prédécesseur. Il lui manque le swing et la grâce qui permettaient au 2 de slalomer sans accros entre les genres, et sa volonté de boucler la trilogie le pousse parfois à faire rentrer au forceps des péripéties qu'on aurait bien vu prendre un peu plus d'espace. Mais ce que Spider-man 3 perd en plaisir immédiat, il le gagne en folie conceptuelle, si bien qu'on y repense longtemps après la projection, un rien frustrante. Sam Raimi a voulu mettre le paquet à tous les niveaux : trois méchants plutôt qu'un, des thématiques à foison, des doubles lectures constantes, des effets spéciaux d'une grande puissance de suggestion... Et aussi une multiplication des registres, jusqu'au hors-jeu : si la comédie est parfois hilarante (géniale séquence avec Bruce Campbell en serveur français), elle n'évite pas toujours un deuxième degré gênant. Bryce Dallas Howard transformée en potiche nunuche, ce n'est pas très gentil, et Peter Parker faisant son Travolta dans les rues, ça n'est pas franchement tordant... C'est quand il cherche à englober tous les visages de ses personnages que le cinéaste s'en sort le mieux. Venom, le dark spider-man, a quand même du mal à effrayer et s'avère un peu balourd dans la symbolique qu'il incarne ; beaucoup plus réussi est le Sandman, magnifiquement incarné au naturel par Thomas Haden Church, gueule cassée trimballant avec lui une mélancolie terrible, et réellement sublimé lors de ses métamorphoses par un travail graphique remarquable. Enfin, reste Peter Parker lui-même : fier de son statut d'idole, heureux en amour, il prend le melon, délaisse la jolie MJ (impardonnable, puisqu'il s'agit de Kirsten Dunst) et se fanatise en cours de route, Dieu vivant autoproclamé qui aura bien besoin qu'on lui sonne les cloches pour ne pas virer grand gourou. Raimi se plait à mettre en scène les réactions d'un public agenouillé religieusement face à ce Spider-man en plein égotrip, suggérant en douceur que le succès de la série ne lui a pas monté à la tête. On trépigne à l'idée de le voir ôter son masque de réalisateur de blockbusters pour revenir à la vraie vie d'artisan modeste qui était la sienne avant l'aventure Spider-man...CC


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Une araignée au plafond