Happy slacking


Au début des années 90, le terme slacker (branleur, glandeur, dans la langue du Medef) était à la mode aux États-Unis. Cinéma (Slacker de Richard Linklater, Clerks de Kevin Smith), musique (Pavement, Weezer) et littérature (Generation X de Douglas Coupland) décrivirent à merveille ce mode de vie très relâché aujourd'hui tombé en désuétude (les petits frères des slackers sont très occupés par la guerre en Irak). C'est pourtant à cette catégorie que l'on peut assimiler en 2007 les Versaillais de Los Chicros. Un chicro c'est un type qui n'a pas le sou et vit de récup' et de taxage de clopes. Présentés récemment par Technikart comme des représentants assumés de «la France qui se lève tard», ces Versaillais chinent aussi bien dans la galaxie Elephant 6 (label indé américain, rénovateur du psychédélisme) que chez les Zombies (des Beach Boys anglais visités par Bach). Souvent comparés aux skaters pop de Grandaddy du fait d'un usage plus intensif du Casiotone que du rasoir jetable, Los Chicros lorgnent plutôt vers un mentor monté sur un autre genre de roulettes : le très slacky Robert Wyatt. Comme toute œuvre de feignants, leur musique drôle et paresseuse, est toujours travaillée avec la plus grande application. Car derrière le je-m'en-foutisme de façade se cache un souci harmonique et mélodique qui, du mini-album Too Cool For School (2005) au très abouti Sour Sick Soul, n'a fait que croître. Aux côtés de leurs potes Ben's Symphonic Orchestra et Syd Matters, Los Chicros bâtissent mine de rien un panthéon de bric et de broc de la pop française. Mais toujours avec cet air de ne pas toucher à la truelle. «Le génie, disait Thomas Edison, c'est 1% d'inspiration et 99 % de transpiration». Celui de Los Chicros consiste à faire croire qu'ils ne transpirent jamais. Les auréoles sous les bras ? Des taches de bière, mec ! Stéphane DuchêneLOS CHICROS + FIREBALLAu CitronSamedi 28 avril«Sour Sick Soul» (North PoleMélodie)


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Des visages et des figures...