(W)right Girl


Musique / Shannon Wright a quelque chose de la Claire Fisher de Six Feet Under : un visage tout en rondeurs inondé de cheveux, un regard dur et un sourire vaste comme l'Empire d'Alexandre. Typiquement la fille sur laquelle on ne se retourne pas forcément mais qui finit tôt ou tard par vous retourner comme une crêpe. Comme Claire, Shannon a l'air d'une petite fille un peu perdue (à 30 ans largement passés elle en fait 18) mais n'hésitera pas à vous lâcher une droite si vous la cherchez d'un peu trop près. C'est que Shannon, symbole de droiture et d'intégrité dans la galaxie indé, ne s'en est jamais vraiment laissé compter, ni n'a cherché à jouer la carte de la douceur au féminin. Sur disque ou sur scène, en une demi-douzaine d'albums enragés et métalliques portant l'empreinte du metteur en (gros) son Steve Albini, cette petite bonne femme explose invariablement, juste pour pouvoir continuer à sourire comme une gamine sur les photos. Question d'équilibre mental. Avec l'âge pourtant, Shannon a compris que la révolte n'était pas que cris et dissonances ou s'est peut-être fatiguée d'être toujours comparée à PJ Harvey sous prétexte qu'elle est dotée à la fois d'un vagin et d'une guitare. Si elle avait déjà montré des signes d'adoucissement au contact de l'endive à cordes Yann Tiersen (Yann Tiersen & Shannon Wright, 2004) après le très sombre Over the Sun (2004), Shannon livre avec Let in the light, son album le plus posé, loin des guitares hurlantes et des cris d'orfraies. Déroulées au piano, ses ballades semblent même la ramener pour de bon vers la lumière. «Semblent» seulement, car cette Shannon aux formes adoucies ne donne pas pour autant le moindre gage d'apaisement. Même calmées, les filles comme Shannon ou Claire Fisher resteront toujours un poil plus intense que les nouilles tièdes sauce Carla Bruni. SDSHANNON WRIGHT + KISS KISS MARTINEÀ L'Épicerie ModerneDimanche 15 avril


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Que Touaregs viennent...