Combat Rap

Festival / Le festival hip-hop l'Original entre dans la deuxième semaine, riche en événements, de son édition 2007. L'occasion de faire un point sur le combat mené par l'un des festivals hip-hop les plus complets et intègres de l'Hexagone. Stéphane Duchêne


L'Original était apparu en 2004 au prétexte de fêter dignement les 20 ans du hip-hop en France. Trois ans plus tard, le festival a pris de l'épaisseur, s'étalant à présent sur une dizaine de jours dans autant de lieux éparpillés entre banlieue, Lyon et Saint-Étienne. Sa philosophie, elle, n'a pas bougé d'un iota : rendre compte du vaste spectre de disciplines (graff', danse, slam, cinéma...) et courants qui animent le hip-hop : «Le rap n'est plus un tronc commun, il a totalement éclaté et le public s'est segmenté, avec le rap électro, le street, ceux qui ne jurent que par le old-school et les jeunes générations pour qui la star ultime est 50 Cent», décrypte Jean-Marc Mougeot, instigateur de l'événement. «Cette variété est une chance car elle nous permet de toucher différents types de public, venus des quartiers ou du centre-ville». Attentif aux évolutions et défenseur des valeurs du hip-hop, L'Original se veut aussi passeur d'Histoire. En ce sens, il maintient depuis ses débuts, une ligne artistique irréprochable, refusant, et pas seulement pour raisons financières, de faire venir des mastodontes des charts rap US ou les locataires permanents de l'antenne de Skyrock. Ici donc, point de 50 Cent, de P. Diddy ou de Diam's mais des références historiques qui, si elles ne sont pas nécessairement les idoles des moins de 20 ans, ont apporté un écot considérable à cette culture urbaine : «Pour avoir des répercussions médiatiques, il faut des noms, c'est incontournable. Après il s'agit de faire en sorte que ces noms soient les plus intéressants possible artistiquement et historiquement. Cette année, comme l'an dernier, on parvient à faire les deux». «Ni underground, ni grand public»Après De La Soul ou encore Grandmaster Flash par le passé, l'Original a réuni pour 2007 deux monuments de l'âge d'or 1984-96 : Public Enemy, pierre angulaire du rap politique, et Method Man, membre le plus voyant du Wu-Tang Clan. Une programmation qui à coup sûr contentera les puristes du rap old-school, mais pas seulement : «L'Original n'est ni un festival underground, ni un festival grand public. Notre but, c'est de présenter toutes les facettes du rap : jazz avec Oxmo, revendicatif avec Casey, street avec MacTyer. On veut être la vitrine du hip-hop». Une vitrine qui se doit également de faire la part belle aux groupes locaux, amenés pour certains, et comme dans un rêve, à ouvrir pour leurs idoles. «Il s'agit pour nous de mettre en avant des acteurs locaux, mais sans négliger le point de vue artistique et scénique. La région offrant peu de possibilités de faire des concerts, ils manquent souvent d'expérience de la scène, mais on les aide à se préparer, en leur offrant notamment des résidences». Densifier et valoriser le tissu hip-hop local, donc, mais aussi national puisqu'à terme, le Festival, déjà présent dans plusieurs villes de France pour des expositions itinérantes de son concours d'affiches (L'Original s'affiche Tour), entend circuler dans toute la France avec des spectacles estampillés L'Original. Un label pas près de s'estomper. FESTIVAL L'ORIGINALJusqu'au 8 avril


<< article précédent
(W)right Girl