Refondation


Diantre ! On pensait que Matt Elliott, Anglais dépressif installé dans le Sud de la France pour écrire et composer des chansons austères et désespérées, avait rendu définitivement les clés de sa Third Eye Foundation. C'est ce projet-là qui lui a pourtant apporté une (petite) notoriété dans le milieu de la musique électronique : une forme de drum'n'bass métaphysique hantée conjointement par les spectres de Brian Eno, de Bauhaus et de la musique sacrée. Trois albums fondamentaux ont écrit les évangiles de cette fondation du troisième œil : le bruitiste et oppressant Ghosts, à la production particulièrement raide ; le très beau You guys kill me, disque de l'urbanité stressée où retentissaient d'inquiétantes sirènes avant de décrire une «galaxie de cicatrices» surgie du plus hardcore des magasins de piercings. Enfin, Little Lost soul, un chef-d'œuvre absolu qu'Elliott avait composé en hommage à ce qui semble être la seule compagnie qu'il ait jamais eu de toute sa vie, son chat. Pour célébrer les obsèques de ce «félin aimant», il convoquait des chœurs synthétiques qui propulsaient chaque morceau vers des hauteurs d'émotion que seules les âmes sèches et aigries sont incapables de ressentir. Mais il semblait qu'après ce coup de maître, Third Eye Foundation avait fini dans le même cercueil, bien cloué et enterré au fond du jardin, une petite croix en bois pour en commémorer le souvenir. L'annonce de sa résurrection spectaculaire à L'Épicerie moderne ce mercredi est un petit événement, même si on ne sait guère si Matt Elliott piochera dans ce répertoire ancien, proposera de nouveaux morceaux ou se contentera de relire avec ses bécanes ses chansons récentes...

Christophe Chabert

Third Eye Foundation
À L'Épicerie Moderne Mercredi 4 avril


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