Sans sa cagoule...


Musique / Groupe culte portant sa mélancolie en bandoulière depuis dix belles années, Hood (cagoule, capuche en français) n'a jamais eu les honneurs de la scène lyonnaise. Leurs concerts sont pourtant parmi les plus intenses qui soient, au point d'y laisser un tympan si on est trop près des amplis, loin de l'image précieuse et intimiste qui peut se dégager de leurs disques. Mais voilà, Hood a enlevé sa cagoule pour s'offrir une année sabbatique, laissant chacun de ses membres s'épanouir dans des projets personnels. Premier à dégainer : Chris Adams qui, sous le pseudo de Bracken, a trouvé refuge chez ses vieux amis du label Anticon, offrant à cette institution du hip-hop avant-gardiste sa référence la plus pop. Malgré cela, il faut le dire, le premier album de Bracken sonne comme... du Hood ! Même voix timide et diaphane qui se perd dans un léger écho, mêmes textures sonores complexes, mêmes mélodies célestes... Certes, on notera une certaine discrétion des guitares, au profit d'un travail plus élaboré (enfin, ça l'était déjà du temps de Hood...) sur les échantillons électroniques et les effets de production. Cependant, l'essentiel est bien là : la capacité à faire surgir l'émotion par la complète adéquation entre un espace sonore chaotique et une rigueur remarquable de l'écriture musicale. Chez Bracken, les dissonances sont un écrin dans lequel l'harmonie vient trouver paisiblement sa place, comme un rayon de soleil qui percerait un ciel gris et nuageux. Reste à savoir si, sur scène, Chris Adams adoptera la technique Hood : remplacer l'onirisme de ses expérimentations en studio par un impressionnant mur du son dans lequel son timbre fluet se frayera sans difficulté un chemin.Christophe ChabertBrackenMardi 3 avril à la Marquise«We know about the need» (AnticonDiffer-ant)


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