«Sur la pointe des pieds»

Entretien / Agnès Jaoui, marraine du festival, est passée avec talent du cinéma à la musique latine. Propos recueillis par CC


Peut-on trouver des racines à votre démarche musicale dans les films que vous avez tournés ? Je pense au flamenco qu'on entend dans Cuisine et dépendances...Agnès Jaoui : Eh non ! Je n'avais jamais compris pourquoi Philippe Muyl, le réalisateur, avait mis du flamenco à ce moment-là. À l'époque, pour moi, ça sonnait plutôt comme des castagnettes. Après, je me suis dit : «quand je pense qu'il a enregistré avec ces mecs-là !». Ça fait partie des hasards étranges, donc...La chanson dans Le Rôle de sa vie et votre rôle de professeur de chant dans Comme une image, ça n'était pas un hasard ?Là, non. Dans le premier cas, François Favrat m'avait entendu chanter et savait mon amour pour Cuba ; quant au professeur de chant, je fais du chant classique depuis des années.Vous avez choisi de commencer de manière assez modeste, une tournée en 2004 dans des festivals mais pas en tête d'affiche...Je suis arrivée sur la pointe des pieds. C'était une chose de prendre beaucoup de plaisir à faire ça avec des copains, une autre de savoir si ça pouvait être partagé, en faisant abstraction du fait que j'étais comédienne. Les gens venaient sans savoir ce qu'ils allaient entendre, et il y a eu quelque chose de très beau entre eux et moi, comme s'ils avaient compris que je ne voulais pas arriver avec des roulements de tambours.Pour faire des parallèles avec ce que vous faites au cinéma, la production du disque cherche une forme de simplicité qui rejoint la mise en scène «invisible» de vos films...Oui, ça me plait assez. Pour moi, au cinéma, le son est presque plus important que l'image. L'ingénieur du son avec qui je travaille est quelqu'un de génial, quand on voit les rushs, on dirait qu'ils sont déjà mixés. Ma première expérience du mixage s'est très mal passée car il y avait un type qui voulait mettre du son partout comme si c'était Star Wars. Finalement, j'ai compris que j'aurais pu faire le film en mono... Plus on est près d'un son brut, plus j'ai de l'émotion. J'aime le son direct, ne pas gommer les imperfections des voix. Avec Vincent Segal, on s'est tout de suite compris, c'est lui qui a proposé qu'on fasse tout l'album en prise de son direct, dans des conditions de concert.


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