Jeunes et jolies


Découvertes / Cette édition féminine du Festival D'un Monde à l'autre est l'occasion de nombreuses découvertes qui marquent l'avènement d'une génération de jeunes chanteuses. Bien décidées à en découdre avec leurs aînées, leur cœur balance d'ailleurs bien souvent entre musique traditionnelle et volonté d'émancipation. On sera par exemple étonné de constater la vivacité de la jeune musique capverdienne dans le sillage de la Reine Mère Césaria Evora ou la reprise en main du Cuba canonique des ancêtres de Buena Vista par des musiciennes qui pourraient être leurs (arrières ?) petites-filles. Au Cap Vert, la relève est en marche avec Lura qui s'attache à rendre à cette musique tiraillée entre le continent africain et la colonisation portugaise, ses racines noires, mais aussi l'influence prépondérante et insulaire de la musique créole. Son pendant cubain pourrait se nommer Yusa, remarquée à Fourvière l'an dernier. Musicienne originaire de Buena Vista, multi-instrumentiste (basse, guitare, piano, violoncelle), elle a elle aussi mis en marche une machine à rénover la musique de son pays qui carbure aussi bien au jazz qu'au groove ou à la pop. Entre Lura et Yusa, il y a Mayra Andrade dont la vie, comme la musique, opère la jonction entre Cuba et le Cap Vert, entre les terres à esclaves des Antilles et leur point originel. Née à Cuba mais bercée dans sa jeunesse nomade par les musiques capverdienne, sénégalaise, angolaise et européenne, elle fut star à 16 ans, là où les figures de «ses» pays (Cesaria Evora, Ibrahim Ferrer, Compay Segundo...) furent bien souvent révélées au monde dans leur troisième âge. Enfin, Aline de Lima n'est ni capverdienne, ni cubaine, encore moins les deux, mais brésilienne et tout aussi voyageuse. «La petite sirène du Nordeste» (région pauvre du Nord-Est du Brésil) est en effet allée nager loin des eaux clémentes des plages brésiliennes, entre Stockholm, Paris et New York. Elle y a adopté le jazz, qu'elle ne manque pas de teinter d'une inimitable saudade brésilienne, bien loin de l'habituelle jovialité à plumes du carnaval brésilien. SD


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Paris-Bamako, aller-retour