Lyon capitale ?

Analyse / Pour ceux qui n'ont jamais entendu parlé de Lille 2004 et qui se demandent à quoi peut bien servir le titre de capitale européenne de la culture, nous proposons de tenter de comprendre quels sont les enjeux de cette compétition. Dorotée Aznar


«Lyon, capitale européenne de la culture en 2013». Cette jolie phrase un tantinet pompeuse sert, notamment, à décorer une large bâche qui cache la façade de l'Hôtel de Ville en travaux. Mais pour ceux qui en doutaient, ce titre n'est pas uniquement décoratif. Si vous ne comprenez rien à cette compétition, c'est bien naturel. La désignation d'une capitale européenne de la culture découle d'un processus relativement complexe qui a largement évolué et est heureusement devenu un peu moins obscur. Aujourd'hui, tous les pays ne concourent plus en même temps au titre. Chaque année, un pays est choisi au sein de l'Europe des 15 ainsi qu'un pays de l'Europe élargie. Ainsi, la compétition ne s'opère plus entre les tous les pays mais entre les villes d'un même pays. Et l'année de la France, c'est 2013. Plusieurs villes ont déjà fait savoir qu'elles souhaitaient se porter candidates : Lyon, Saint-Étienne, Nice, Marseille, Strasbourg, Toulouse et Bordeaux. Qui veut gagner un million ?Au second tour, une seule ville sera choisie parmi toutes les candidates et se verra remettre un chèque d'1, 5 millions d'euros. Une broutille au regard des frais qui devront être engagés par la ville élue, «les budgets à investir dans ce projet sont énormes, confie Anne Grumet, conseillère technique à la délégation culturelle de la Ville de Lyon, de l'ordre de 90 millions d'euros». Mais elle ajoute immédiatement que les mécènes et les partenaires privés apporteraient une part importante de cet investissement, faisant taire par avance les inévitables détracteurs au projet qui ne manqueront pas de se manifester. Pour Lyon, les enjeux sont multiples. Culturels tout d'abord, la ville pourrait en effet profiter de l'occasion pour montrer qu'elle n'est pas qu'une ville de patrimoine, une «ville musée» où les jeunes n'ont qu'à attendre d'être vieux en regardant s'écouler le Rhône. Ce titre ne ferait pas non plus de mal à sa renommée en braquant immanquablement tous les projecteurs sur la ville, et verrait assez logiquement une augmentation importante de la fréquentation touristique, sachant que le «tourisme culturel» n'est pas un point fort à Lyon. Et qui dit touristes dit bonnes nouvelles sur le plan économique, comme l'illustre, si besoin était le cas de Lille en 2004 (voir encadré).Motiver ses troupes« Si Lyon échoue en 2013, il faudra attendre 15 ans pour que l'occasion se présente de nouveau. Mais le succès d'une capitale européenne ne tient pas uniquement au talent artistique», avertit Anne Grumet, bien consciente que ce projet doit avant tout fédérer les Lyonnais. Mais avant de les rallier à la cause, il faudra veiller à leur expliquer ce dont il s'agit. Dans ce but, un site internet devrait prochainement être mis en place. Des «cafés 2013» se tiendront également une fois par mois dans toute l'agglomération pour débattre et permettre au grand public de réfléchir sur le devenir de notre ville. Résultat des courses dans deux ans, quand le gouvernement français et un jury européen désigneront la ville qui sera capitale européenne de la culture en 2013.


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