«Une candidature militante»

Entretien / Vincent Carry, conseiller pour la candidature de Lyon Capitale européenne de la Culture en 2013. Propos recueillis par DA


On vous connaît en tant que coordinateur du festival Nuits Sonores, c'est pourtant à titre personnel que vous vous impliquez dans la candidature de Lyon au titre de capitale européenne de la culture...Vincent Carry : Oui, j'ai signalé mon intérêt pour le projet depuis juin dernier. À la fin de l'automne, Patrice Béghain (adjoint à la Culture à la Ville de Lyon, ndlr) m'a demandé d'entrer dans le dispositif d'animation de la candidature au titre de conseiller, ce que j'ai accepté avec enthousiasme.Quelle idée de la culture défendez-vous ?Je pense incarner une idée de la culture qui n'est pas l'idée dominante : beaucoup envisagent encore Lyon comme une ville institutionnelle et cette réputation n'est pas justifiée : Lyon n'est pas une ville figée.Vous avez une définition large de la culture…La culture, ce n'est pas uniquement le théâtre, la danse, le cinéma et la musique. La culture intègre aussi des questions sur les modes de vie, l'environnement, la nuit, toutes les questions de société et les comportements sociaux en général.La ville de Lyon a-t-elle les moyens de gagner, selon vous ?Lyon est une grande métropole d'équilibre en France et a un rôle à jouer en Europe. Je suis convaincu que nous avons les moyens de gagner et que cette compétition est une opportunité exceptionnelle de mobilisation qui ne va pas se représenter de sitôt : c'est un levier pour avancer sur le projet d'ouvrir cette ville. Notre candidature doit être fédératrice et rassembler toutes les forces vives : des plus alternatives aux plus institutionnelles. Il ne faut pas oublier que l'underground d'aujourd'hui sera peut-être la culture «officielle» de demain.«L'ouverture», c'est un peu votre slogan ?Je dirais même «ouverture, liberté et militantisme !». Il faut se poser la question du vivre ensemble, du sens de la culture dans les villes. Il faut aujourd'hui contourner le centralisme à la française, les villes peuvent établir un dialogue entre elles sans passer par Paris.Un directeur artistique sera prochainement désigné, souhaiteriez-vous assumer cette fonction ?Ma mission de conseiller est prévue pour un an et est renouvelable une fois. La question de savoir qui sera le directeur artistique n'est pas une question prioritaire pour moi et beaucoup de gens peuvent prétendre à ce titre. Je pense que l'on en reparlera si Lyon gagne mais, pour l'instant, cette question est prématurée. Que pensez-vous de la candidature de Saint-Etienne ?Je trouve dommage de se focaliser sur ces deux candidatures en région. Ce n'est pas un cas isolé : Marseille et Nice postulent toutes les deux… Il y avait un désir réel de porter une double candidature de Lyon et Saint Etienne mais c'est techniquement impossible. Il faut arrêter d'avoir une vision franco-française des choses ! Lyon et Saint Etienne ont aujourd'hui conscience que leurs destins sont liés.


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Lyon capitale ?