«Ne pas manquer le train de la série»

Entretien / Grégory Faes, directeur de Rhône-Alpes Cinéma (RAC) depuis 13 ans. Propos recueillis par DD


Le départ de Roger Planchon, ex-PDG de Rhône-Alpes Cinéma, en 2006 engage un tournant dans la gestion de RAC…Grégory Faes : À l'âge de 75 ans, Planchon ne pouvait plus être légalement PDG de RAC, qu'il avait créé comme un prototype atypique et pionnier car, à l'époque, les régions s'impliquaient peu dans le cinéma. Aujourd'hui, il cède toutes ses actions et l'objectif est de faire entrer des actionnaires plus institutionnels : la Caisse des dépôts et la Caisse d'Epargne devraient entrer dans le capital, mais tout cela prend du temps. On entre donc dans une phase d'institutionnalisation qui doit dépasser la phase expérimentale, qui aura duré assez longtemps.Les objectifs financiers et artistiques vont-ils changer ?Pour nous, entraîner les autres Régions et impliquer l'État était un but, aujourd'hui atteint. Ensuite, les exigences de qualité sont très subjectives, ça reste du cinéma. Notre ligne éditoriale est de ne pas en avoir, pour être représentatifs de la diversité du cinéma français. Enfin, nos impératifs de rentabilité sont complexes du fait de la situation globale du cinéma indépendant. Par exemple, Le Dernier des fous, de Laurent Achard, plusieurs fois primé, a fait beaucoup réagir mais a pourtant du mal à trouver sa place dans les salles.Kaamelott et la télévision représentent une nouvelle activité, mais aussi une opportunité.En effet, le marché de la télévision est très porteur, avec des formats récurrents intéressants pour les plateaux. Il a toujours été dans notre intention d'étendre notre activité, et en même temps Alexandre Astier (pour Kaamelott) avait envie de revenir à Lyon. La télé et l'audiovisuel représentent d'ailleurs un nouvel enjeu pour la Région, qui a créé un nouveau fond d'aides d'1,5 million d'euros par an. Pour le moment, on est toujours dans une concentration sur Paris, mais il ne faut pas manquer le train de la série. Avant, je ne voulais pas entendre parler de «loisirs numériques» quand il s'agissait de cinéma, et j'ai finalement beaucoup évolué sur cette idée de passerelles entre les mondes de l'image ciné, télé, de la 3D, d'autant qu'il y a une compétence forte dans ces domaines en Rhône-Alpes.


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