Dans les starting blocks

Théâtre / Après une fin d'année sans réelle surprise, la saison théâtrale passe à la vitesse supérieure. Les grosses productions vont se disputer vos faveurs sur les planches. Petit panorama des spectacles à l'affiche les mois à venir. Dorotée Aznar


Reprises, créations pâlottes et lot de consolation composé de spectacles «pas si mal» ne font pas oublier que le deuxième semestre de l'année 2006 ne nous a pas franchement émoustillés, et ce en dépit de quelques (trop rares) chocs émotionnels. Ce début d'année saura-t-il relever le niveau ? Le pari est tenu, mais si l'on essaie de nous séduire, c'est plus à coups de valeurs sûres déjà testées et éprouvées qu'avec de véritables surprises et des prises de risques. C'est l'artillerie lourde qui débarque : de grands textes, de grands noms et de grands spectacles, rien ne sera laissé au hasard.L'attaque des mastodontesLe Théâtre des Célestins engage le combat des forts avec Dis à ma fille que je pars en voyage de Denise Chalem (nommée pour le Molière de la meilleure comédienne, le Molière du meilleur spectacle de création française et le Molière du meilleur auteur francophone vivant, excusez du peu) qui raconte la vie en prison de deux femmes que tout oppose. Et poursuit fin février avec Éric Lacascade qui après avoir éprouvé et séduit le public de la Cour d'Honneur du Palais des Papes à Avignon, présentera ses estimables Barbares aux spectateurs lyonnais. Le Théâtre National Populaire n'est pas en reste et accueille de nouveau le grand Antonio Latella pour une adaptation des Larmes amères de Petra von Kant, qui pourrait être l'un des temps forts de la saison. Le Théâtre du Point du Jour s'offre quant à lui les services d'Olivier Py pour un Épître aux jeunes acteurs, un texte écrit à la demande du directeur du Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris, théoriquement destiné aux apprentis comédiens mais adressé à tous. Et si Olivier Py vous séduit en janvier, il sera possible de le retrouver au Théâtre de la Croix-Rousse en mai dans un tout autre registre. Avec La Jeune Fille, le diable et le Moulin, le directeur du Centre Dramatique d'Orléans adapte les contes de Grimm et malmène les princesses. Au rayon des contes, Laurent Pelly est passé maître. Ceux qui ont raté son Alice au pays des merveilles au Théâtre de la Renaissance auront le plaisir de la retrouver cette année, aux Célestins cette fois. Nos directeurs de théâtres (qui sont presque tous metteurs en scène) ne sont pas en reste. Après un somptueux Coriolan présenté et salué unanimement en décembre, Christian Schiaretti, directeur du TNP, continue son marathon et met en scène trois comédies de Molière, (Les Précieuses ridicules, Sganarelle ou le Cocu imaginaire et l'École des maris) en mars. Au Point du Jour, Michel Raskine se contente d'une reprise de son Huis clos de Sartre (du 5 au 21 mars) tandis que Philippe Faure attendra les beaux jours pour présenter Naissance d'un clown aux spectateurs de Fourvière.De l'autre côté du miroirDu côté des spectacles inattendus, le Théâtre de la Croix-Rousse tire bien son épingle du jeu. Dès le 10 janvier, il faudra sauter sur les Sauterelles, pièce d'une auteur Serbe dont le titre moyennement sexy et le nom imprononçable ne doivent pourtant pas vous rebuter. Sauterelles est un spectacle-feuilleton acerbe, désespéré mais jouissif et drôle, usant et abusant d'un humour noir et violent qui résiste au politiquement correct ambiant. La Croix-Rousse plonge ensuite dans la folie en mars avec les incroyables Copi(s) de Di Fonzo Bo qu'il ne faudra rater sous aucun prétexte au risque de ne plus avoir jamais le droit de râler contre le manque d'audace des programmateurs. Quant aux jeunes metteurs en scène, après l'annulation de la troisième partie du triptyque d'Emmanuel Meirieu qu'on attendait avec impatience et la légère déception d'un Sophocle signé par un Gwénael Morin un peu trop fidèle à lui-même, on n'oubliera pas de suivre attentivement la première mise en scène de Vincent Roumagnac sur un grand plateau avec une adaptation de La Mouette (au Théâtre de la Croix-Rousse), d'aller faire quelques courses avec Simon Delétang (Shopping and fucking aux Ateliers). On pourra aussi embarquer une nouvelle fois sur les passerelles de Géraldine Bénichou et du Théâtre du Grabuge (début mai au Théâtre National Populaire) et admirer David Mambouch faire ses Premières Armes. Puissent-elles nous aider à sortir du consensus mou et de la léthargie qui fut la règle en 2006.


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Le dilettant