«Un lieu de création et de fabrique»

Entretien /Antoine Manologlou, administrateur du Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape (compagnie Maguy Marin). Propos recueillis par Dorotée Aznar


Quel bilan tirez-vous, un an après l'installation du Centre chorégraphique Maguy Marin à Rillieux-la-Pape ?Antoine Manologlou : Après une année de préfiguration, nous avons pris la mesure de l'équipement et de ce que nous pouvions y développer. Ici, nous pouvons agir en direction des danseurs et leur donner des outils, nous invitons d'ailleurs des compagnies à venir travailler. Nous avons également mis en place du «co-accueil» de spectacles et allons créer une formation en direction des danseurs. Nous souhaitons, en tant que Scène Nationale, assumer une prise de risques, alors même que l'on constate que, depuis 20 ans, on va d'avantage vers le divertissement aussi bien dans les théâtres de ville que dans les Scènes Nationales.Vous souhaitez développer une programmation dans ce lieu ?Oui, mais nous n'avons pas les moyens de la faire. Nous pouvons trouver des alternatives comme l'organisation de «temps forts» ou de mini-festivals. Nous avons été confortés dans tous les aspects de notre travail, sauf celui de la programmation : nous avons l'envie, mais pas l'argent.Comment vous positionnez-vous par rapport à une structure comme les Subsistances ?Comme nous, les Subsistances sont un lieu de fabrique de spectacles et de résidences d'artistes, sauf que le Centre chorégraphique de Rillieux est dirigé par un artiste. En fait, je pense que nous sommes un peu sur le même créneau mais que nous sommes plus éclectiques, que nous avons un regard plus large ou peut-être moins «tendance», moins branché que les Subsistances. À Rillieux, nous pouvons aider un artiste pas connu du tout, être dans un «premier soutien». Attention, je ne parle pas non plus d'émergence, nous apportons un soutien aux premiers «gros travaux» qui demandent du temps, de l'argent. Quoi qu'il en soit, avoir plusieurs regards esthétiques est absolument nécessaire dans une agglomération.Vous n'êtes pas un lieu de diffusion, mais accueillez tout de même des spectateurs. Avez-vous engagé un travail en direction des habitants de Rillieux-la-Pape ?Notre installation est le fruit d'une volonté politique de la ville de Rillieux-la-Pape ; il s'agissait de changer l'image du quartier en agissant pas uniquement sur l'habitat mais aussi en implantant de l'activité culturelle. Nos missions sont donc plus étendues que celles d'un simple Centre chorégraphique : nous agissons sur un territoire. Notre position est cependant très claire : ici, nous ne formons pas de spectateurs, nous voulons simplement montrer le plus grand nombre de possibles et permettre aux spectateurs de faire un choix. Nous sommes avant tout un lieu de création et de fabrique


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