Plomber l'Ambiance

Fermeture / Le cinéma Ambiance, situé 12 rue de la République, devrait fermer ses portes vendredi 15 décembre. Les salariés du cinéma n'en reviennent toujours pas... Dorotée Aznar


La rumeur courait depuis plusieurs semaines déjà : selon toute probabilité, le cinéma Ambiance fermerait ses portes définitivement le 15 décembre. Seul petit problème, jusqu'à la fin de la semaine dernière, les huit salariés du cinéma apprenaient régulièrement des nouvelles par voie de presse, leur direction n'ayant pas pris la peine de les informer directement. «La société de ménage ne passait plus, le propriétaire était devenu injoignable... Nous avons vite compris que la rumeur disait vrai», confie l'un des salariés. Il ne devrait plus être dans l'incertitude très longtemps, puisque les lettres de convocation pour les entretiens préalables aux licenciements sont enfin parvenues dans les mains du personnel... quelques jours avant la dernière séance. Le pourquoi du commentPourquoi le propriétaire a-t-il décidé de se débarrasser de ce cinéma ? Jean-Claude Kiefer, qui exploite ce complexe de trois salles depuis 1998, en avait hérité comme d'un boulet. L'Ambiance faisait en effet partie de la dot quand il a acheté le cinéma Palace à Valence, mais ne représentait que peu d'intérêt pour l'exploitant, dont les activités se situent essentiellement dans l'Est de la France. Le cinéma s'est donc lentement dégradé : «depuis 98, j'ai vu le propriétaire deux fois, il n'y avait pas de politique de programmation, pas de travaux de rénovation des salles ou des cabines, nous nous sentions un peu à l'abandon », confie l'un des employés. Le cinéma de la rue de la République était-il rentable ? «Contrairement à ce qu'a pu affirmer Kiefer dans les journaux, le seuil de rentabilité, fixé à 100 000 entrées par an, était atteint», affirment les salariés, plus qu'agacés par les méthodes cavalières de leur employeur. Car l'Ambiance n'était pas condamné à la disparition. Au départ, le cinéma devait être repris par l'Association Urfol, propriétaire, entre autres, du Ciné-Caluire. Son secrétaire général, Antoine Quadrini, avait fait une offre des plus raisonnables, acceptée dans un premier temps par Jean-Claude Kiefer. Qui s'est ensuite laissé séduire par une proposition plus alléchante. «La proposition de Ciné-Caluire n'était pas très éloignée de celle qu'a finalement accepté le propriétaire. Ce qui nous scandalise, c'est l'absence totale de scrupules à fermer la salle», déplorent les salariés. Quelques euros auront donc fait la différence. Il semblerait que Jean-Claude Kiefer ait finalement cédé son fond de commerce au parfumeur chinois Marionnaud. En attendant l'ouverture de cette indispensable boutique, la dernière séance à l'Ambiance aura lieu le 15 décembre. Elle devrait permettre de s'habituer à l'idée de voir les cinémas de centre-ville disparaître progressivement.


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