Ville en sourdine

Panorama / Menaces de fermeture, promesse de loisirs vendus en rayon. La nuit à Lyon n'est pas très festive, alors même que la Ville prépare allègrement sa candidature pour être capitale européenne de la culture. Dalya Daoud


Si le Bistroy n'a pas été sommé lors de son dernier procès de fermer ses portes, l'équipe du café-concert est loin d'être soulagée. Son gérant Guy-Pierre Turco vient d'être condamné par le tribunal de police pour nuisances sonores, et devra payer trois amendes de 2500 euros chacune, qui pourraient bien le pousser au dépôt de bilan. Sa situation est d'autant plus compliquée qu'il est en réalité pris en étau entre deux services de la municipalité. D'un côté, la délégation culturelle de la Ville subventionne largement le café-concert au titre de son soutien à la scène musicale émergeante. De l'autre, le service de l'écologie urbaine de la Ville, qui a effectué les relevés de fréquence sonore à charge contre le Bistroy, semble lui avoir ouvertement déclaré la guerre. À la sortie de la salle d'audience, les membres du café-concert étaient amers, reprochant «le culot» de la municipalité qui les invitait la semaine d'avant à la présentation de sa candidature pour devenir capitale européenne de la culture en 2013. «Je vais y aller avec un doggy bag au cocktail de présentation, a conclu, blasée et pragmatique, l'une d'entre eux, parce que je ne pourrai bientôt plus manger». Le Bistroy a en outre été condamné à payer 450 euros de dommages à plusieurs voisins qui avaient réclamé des sommes allant jusqu'à 4900 euros, à la hauteur de leur exaspération.Chuuuut !Pour tenter d'instaurer cet improbable dialogue entre riverains et bars de nuit, la Ville a par ailleurs élaboré une charte de la vie nocturne dont un premier bilan doit être dressé au printemps 2007. Lors de l'audience du procès du Bistroy, le procureur avait résumé le sentiment général, affirmant que «le bruit est peut-être considéré comme de la culture à Lyon, mais il empêche surtout des gens de dormir». Les plaintes émises par les riverains auraient dans ce sens explosé. «On n'a jamais eu autant de descentes de la police que ces derniers mois», raconte l'un des employés du Sirius, péniche amarrée sur les quais du Rhône. Dans ce climat tendu, le futur pôle de loisirs prévu à l'autre bout du monde, au Confluent, apparaît comme un ersatz lumineux censé apaiser les esprits. «Il n'y aura plus rien dans le centre ville qui deviendra un dortoir», prévoit un membre du syndicat national des structures de Musiques Actuelles. Un directeur de label à Villeurbanne annonce même la mort du rock, «les musiciens en font beaucoup moins, au profit de la pop ou de la chanson, car il est difficile pour un petit groupe de trouver une scène pour en jouer». Guy-Pierre Turco, le gérant du Bistroy, a quant à lui, décidé de faire appel de sa condamnation. En effet, il est à nouveau assigné devant tribunal, le 11 décembre prochain, à la suite d'un PV dressé par le commissariat du 1er arrondissement pour «tapage nocturne»...


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«Un peu plus de poésie»