Monsieur 100 000 watts


Musique / Si King Khan n'était pas musicien, il nous ferait sûrement autant ricaner que, disons, un Raël. Au rayon des «illuminés», Mr Supernatural (le titre de son album) carbure à l'halogène. Mais il est de bonne guerre, lorsqu'on entre en rock'n'roll, de chevaucher aux côtés de sa propre légende, quitte à la voir emprunter des chemins tortueux. Canadien d'origine indienne, Khan prétend, en vrac, avoir tué lui-même l'alligator dont il porte les dents autour du cou (Raël et ses anges, eux, arborent une plume), être une véritable sexe-machine, grâce au vaudou enseigné par sa mère, ou encore avoir vécu au sein d'une tribu Mohawk qui, en plus de lui avoir enseigné la punk attitude (!), lui a appris à chasser la femme blanche (!!). On sait en revanche que Khan a fréquenté des fondus comme le poète beatnik Allen Ginsberg, qui, lui non plus, n'a pas toujours carburé qu'au demi pèche. Côté musique, en revanche, ça ne rigole plus. Une seule écoute de Mr Supernatural suffit pour conclure que le Styx, le fleuve des morts, et la Stax, légendaire label soul, coulent dans les veines du Maharadja Khan. Ravivant le brasier soul, il convoque les fantômes déjantés de James Brown (ok, il n'est pas vraiment mort) et de Sly and the Family Stone à la pratique compulsive du Khanasutra. Sur scène, sa famille à lui, les Shrines, est, elle aussi, très stone et ne laisse pas sa part d'entertainment aux alligators : festivals d'incantations vaudou-funk façon George Clinton ou Screamin' Jay Hawkins, ses concerts, parfois interrompus par la police, mêlent rituels, insubordination, et amour (très) libre. Un peu comme chez Raël, mais avec un «plus produit» certain : la plume, Khan se la met dans le cul. Stéphane Duchêne


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De plus en plus Roots