Babel

d'Alejandro Gonzalez Iñarritu (Mex-EU-Jap, 2h25) avec Brad Pitt, Cate Blanchett, Gael Garcia Bernal...


Au Mexique, la viande pourrit sur les étals, couvertes de mouches grosses comme le poing... Au Maroc, les médecins stérilisent à peine leurs instruments avant de recoudre une plaie... Le Japon, c'est plein de boîtes de nuit où les jeunes branchés s'éclatent sur de la techno... Les Américains, à l'étranger, ont l'impression que tout est sale et regardent les autochtones comme des gens menaçants... Vous en voulez encore, du cliché à la Iñarritu ? Reprenez donc un peu des 2h25 de Babel, ce «grand film» «humaniste», «virtuose» et «engagé». Humaniste ? Traumatisé par le 11 septembre, le cinéaste voit le monde en noir et le fait sentir au spectateur dès la première image où il ne fait aucun doute que les pires dégueulasseries vont s'abattre sur les personnages, pourtant dispatchés sur tous les continents. Il y a quelque chose de malsain à plonger si longtemps le nez dans la merde tout en respirant le contentement de faire une bonne action. Virtuose ? Quand on est capable de souligner trois fois de suite par le même champ/contrechamp sonore la surdité d'une fille au milieu d'un club électro, de raccorder un très gros plan sur une plaie sanglante avec une fraise de dentiste qui s'enfonce dans une molaire, de traiter comme un effet de surprise un renversement scénaristique que tout le monde a deviné depuis 1 heure minimun, on a bien entendu le Prix de la mise en scène à Cannes. Engagé ? Les Américains sont des salauds avec les Arabes et les Mexicains ; les Japonais s'isolent dans la solitude à force de vivre dans le superficiel ; les Arabes ont des méthodes policières brutales et s'enfoncent dans la misère et les magouilles ; les Mexicains sont un peuple festif mais un peu trop inconscient... Et toi, Alejandro, qui es-tu pour faire la leçon au monde entier, à part un moralisateur aux relents chrétiens évidents (punition, douleur, pardon : 30 minutes de chialeries pour le chemin de croix final) et au propos plus vide qu'un discours de Chirac... Grand film ? Oh, putain, non !Christophe Chabert


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