La mélancolie selon Erwin Olaf


Expo / Ervin Olaf est né en 1959 à Hilversum aux Pays-Bas. C'est un photographe souvent extravagant et baroque qui compose des images provocatrices, érotiques, surréalistes ou dérangeantes, aux mises en scène extrêmement soignées et précises dans leurs moindres détails. Ses sources d'inspiration vont de la mode au cinéma, en passant par la publicité (il est lui-même l'auteur de nombreuses images de pub), la peinture, ou des photographes tels que Robert Mapplethorpe et Jan Saudek... Parmi ses anciennes séries, on peut citer : Royal Blood portraits fictifs de personnages royaux aux blessures sanguinolentes voire portant leur propre tête tranchée entre les mains dans le cas de Marie-Antoinette ; Fashion victims représentant des hommes et des femmes nus aux poses lubriques avec un sac Gucci, Chanel ou Calvin Klein à la place du visage... Erwin Olaf fascine ou fait horreur, mais ne laisse pas indifférent. Le Bureau pour l'art contemporain présente des images extraites de deux séries récentes parmi les plus intéressantes de l'œuvre du photographe : Rain et sa suite Hope. Séries moins outrancières qu'à l'accoutumée, Hope et Rain montrent des personnages figés dans la stupeur et la mélancolie, parmi des décors des années 1950-60 (hôpital, salle de gym, école, intérieur d'appartement...), rappelant les atmosphères des films de Douglas Sirk. Deux boxeurs se tournant le dos sur un ring au gong définitivement suspendu, deux pom-pom girls figées dans la grisaille bleutée d'un gymnase, un cadre et sa secrétaire arrêtés au beau milieu d'un bureau suranné... La mélancolie, la banalité et l'ennui deviennent ici accablants, plongeant les protagonistes dans leur for intérieur et les rendant dans le même temps absents à eux-mêmes et à leur environnement. Étrange et belle exposition. Jean-Emmanuel DenaveErwin OlafAu Bureau pour l'art contemporain Jusqu'au 28 octobre


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