Mais qui veut tuer le Bistroy ?

Café-concert / Les habitués de la rue Chappet sont en émoi. Un quatrième passage devant les tribunaux pour cause de bruit pourrait bien mettre sur les genoux le café-concert le plus célèbre de Lyon. Dalya Daoud


L'an dernier, on les a cru sauvées. Les petites scènes de concert à Lyon avaient bénéficié d'un dispositif "émergences, premiers lieux de représentation" et, par conséquent, de généreuses subventions. Le Bistroy recevait déjà depuis trois ans le soutien annuel de la Ville ; la mission musique et le service culturel sont aujourd'hui un peu ennuyés par la sale histoire qui se profile. En effet, c'est de la municipalité elle-même -qui trompette depuis un moment déjà son soutien aux musiques actuelles et à la scène émergente-, qu'a émané la plainte déposée auprès du procureur. Le service de l'écologie urbaine de la Ville, dirigé par Philippe Ritter, a la dent dure. Malgré la signature récente d'un accord avec la délégation culturelle de la Ville, qui implique un travail de bonne entente, des relevés de fréquences sonores ont été pris inopinément, il y a quelques semaines devant le Bistroy. Et les variations de bruits, dont Guy Pierre Turco, responsable de la salle, jure ne pas être l'entier responsable ("les motos qui passent c'est quand même pas nous...") ont malgré tout abouti à un quatrième procès. Pourtant, le lieu avait investi dans de gros travaux d'insonorisation lors de sa dernière fermeture administrative. "Si le Bistroy ferme, c'est un symbole qui s'éteint" a immédiatement réagi Bruno Cariou, producteur villeurbannais qui travaille avec le lieu depuis sa création. Rock is dead"Ces fermetures poussent des groupes qui font des choses violentes dans leur musique à se mettre à la chanson acoustique, analyse-t-il. Un coup de baguette sur une batterie fait déjà un bruit en dehors des normes acceptées. C'est évidemment l'une des raisons de la disparition du rock à Lyon". Guy Pierre Turco, fondateur du lieu, ne décolère pas et se sent emporté dans un tourbillon politique dont les enjeux le dépassent. "Tout ça va avec la boboïfication de ce quartier, les gens qui se plaignent ne sont là que depuis un an ou deux, ils ne nous connaissent même pas", assure-t-il. Guéguerres internes ou incompréhension totale, les bugs communicatifs entre les services municipaux n'ont pas empêché l'audience devant le tribunal, le 11 octobre. Les partisans du Bistroy à la mairie ont souhaité que l'écologie urbaine ne vienne pas témoigner à charge, afin que le verdict ne soit pas trop sévère. Voire clément. En effet, une nouvelle fermeture administrative ou une grosse amende pourrait cette fois donner le coup de grâce au Bistroy.


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